Nous sommes à St Pierre pour le 8 mai, date anniversaire de l’éruption de la Pelée en 1902 et nous assistons à diverses manifestations commémoratives, programmées sur plusieurs jours, dont une messe et procession jusqu’au cimetière, avec dépôt de gerbes fleuries. La procession se poursuit ensuite vers le port où Monsieur le Maire et le Conseil Général offrent discours (de tenue très moyenne) et un pot (beaucoup plus apprécié). A la sortie du cimetière, la procession, jusque là recueillie et sérieuse, devient joyeuse et festive, avec l’adjonction d’une fanfare et de majorettes. Christian est devenu copain avec Monsieur le Maire et nous discutons avec lui de possibles améliorations pour l’accueil des plaisanciers. Il y aurait lieu notamment de revoir le ponton d’accostage qui est trop haut pour les petits dinghies comme le nôtre ; il passe en dessous et, par frottements, nous y avons laissé la manette de gaz. Christian a dû bricoler son xième système D.
Nous assistons aussi à deux régates de yoles martiniquaises. Ce sont de grandes barques à fond plat. A l’intérieur, on fixe latéralement de longs madriers sur lesquels les quelque 20 équipiers jouent les équilibristes en se suspendant en rappel ou à la force des bras, pour compenser la gîte du bateau. Les grandes voiles sont très colorées. C’est un magnifique spectacle sur l’eau et les arrivées sont très disputées.
Nous aurons encore le plaisir d’assister à un concert gratuit , donné en plein air aux pieds de la Montagne Pelée, par l’Orchestre Symphonique de Fort de France, avec Mozart pour le coucher de soleil.
Et puis nous allons aussi nous donner quelques sensations fortes en parcourant le « Canal de Beauregard » ou Canal des Esclaves. A 7 km de St Pierre commence le canal, construit par des esclaves, pour amener l’eau des montagnes jusqu’aux plantations du bord de mer. Le chemin se résume à un mince muret de 30 à 50 cm de large, qui court et serpente à flanc de montagne, avec des à pics de 30 à 130 mètres. Et rien pour se tenir. Côté montagne, le canal (environ 1 mètre de profondeur sur 1 mètre de large, des crabes jaunes qui y courent à foison, des serpents sont signalés, et il y a pas mal de toiles d’araignées. Bref de quoi m’ôter l’envie de poursuivre DANS le canal). De l’autre côté : le vide ! Christian est à l’aise sur cet étroit muret. Je croyais ne pas être sujette au vertige, mais je découvre que dans cette situation précise, je ne suis pas particulièrement à mon aise. J’ai le pied très lourd, je fais de tout petits pas et je dois rester très concentrée pour ne pas regarder vers le vide. Une fois engagés, il faut pourtant bien continuer à avancer. Personne ne peut venir nous chercher ici. L’exercice d’équilibre dure 1H30. Avec des passages plus faciles bien sûr.
Au bout, en pleine montagne, il y a une auberge où nous mangeons un poisson au coco, curcuma et anis, assis en face d’un énorme arbre à litchis qui porte une profusion de grappes rouges. Je n’en avais encore jamais vu. Malgré mes efforts, je n’arrive pas à attraper un seul fruit. Les branches sont trop hautes et je suis fatiguée.
Normalement, le retour s’effectue en sens inverse. Mais je ne m’en sens pas capable et nous repartons donc à pied vers le village des Fonds St Denis. Il est 13HOO, il fait chaud, lourd et ça grimpe comme pas permis. Nous sommes en nage. Au village, une petite auberge où nous achetons de l’eau. La patronne nous propose de nous ramener en voiture à St Pierre. Quelle gentillesse ! Vous ai-je dit combien les Antillais ont le cœur sur la main, et du temps à consacrer aux autres ? Combien en avons-nous rencontré de ces gens charmants, souriants, qui vous viennent en aide sans rien demander en retour. Le matin même, cet homme qui travaillait à l’entretien des bords de route et qui a laissé son boulot pour nous accompagner durant un kilomètre pour nous remettre sur le bon chemin. Et cette dame ce matin aussi, dans sa petite maison avec des arbres fruitiers magnifiques que nous admirions, et qui nous a offert un sac entier de mangues fraîches…
Le 10 mai, nous quittons St Pierre pour Fort de France. Navigation au moteur car le vent est faible et de face. Nous avons un peu de ravitaillement à faire et du rangement, pour accueillir à bord, le 13 mai, une équipière de qualité qui nous rejoint pour deux bonnes semaines de navigation vers les Grenadines…
Le samedi 13 mai nous accueillons à bord mon amie Peggy pour 2 bonnes semaines. Désormais la vie à bord s’organise à trois. Dans un petit espace comme un bateau, ce n’est pas évident. Chacun doit trouver ses marques. Mais Peggy connaît déjà Petrushka, a déjà navigué, et nous ne nous faisons aucun souci sur ses facultés d’adaptation. Nous lui avons cependant prévu un amarinage en douceur.
Le dimanche nous allons en bus aux Jardins de Balata, jardin botanique sur les hauteurs de Fort-de-France. Joli, sans plus. Capitale ou pas, la vie n’est pas plus animée à Fort-de-France qu’ailleurs le dimanche. Dans l’après-midi, nous levons l’ancre et un bon petit vent nous amène aux Anses d’Arlet, où nous nous étions arrêtés déjà lors de notre voyage aller. J’emmène Peggy visiter ce petit rocher près de la plage qui abrite plein de poissons colorés. J’aime toujours autant ce coin. En soirée, la houle se fait sentir assez fort. Elle barbouillera l’estomac de Peggy, restée un peu trop longtemps dans le hamac. Fatigue du voyage + soleil + décalage horaire + hamac qui bouge = pas possible d’avaler le repas du soir. La nuit sera mauvaise pour Christian et moi car inconfortable. Mais Peggy dort très bien ! Et le lendemain elle est en pleine forme pour refaire une petite plongée au dessus de l’aquarium. Après-midi, on va mouiller un peu plus loin, à Ste Anne, et le lendemain nous allons au quai de la marina du Marin pour faire le plein de tous les réservoirs avant de partir vers Sainte Lucie. Une nouvelle île !
On part avec un vent d’est de 20 nœuds bien établis et j’ai quelques craintes pour la navigation du jour, plus longue que les précédentes, avec Peggy qui n’est pas encore bien amarinée. Un vrai mal de mer, c’est insupportable. Mais notre équipière se comporte bien. Certes un peu vissée sur le caisson en bois sous l’artimon, se concentrant sur le seul point fixe de l’horizon : Ste Lucie. On a le vent de travers, les creux sont de 1,5 m à 2 m, mais la mer est confortable et on ne gîte pas trop. Et pour agrémenter cette belle navigation, nous voyons un globicéphale (gros dauphin à la tête ronde) qui suit le bateau un moment, traîne le long de la coque pour se laisser admirer, puis décide d’aller se faire voir ailleurs.
Arrivée à Rodney Bay, large baie ouverte derrière Pigeon Island. Le lendemain nous passons la matinée à essayer de résoudre le problème du vol retour de Peggy à partir d’une des îles des Grenadines, pour ne pas devoir retourner à FdF.
Cela s’avère plus compliqué que prévu et ce n’est pas à Ste Lucie que nous aurons la solution.
L’étape suivante nous mène à Marigot Bay, au milieu de la côte ouest de Ste Lucie. C’est un joli mouillage, où nous arrivons en fin de journée après une navigation tranquille sous voiles. Sur la gauche de notre mouillage, une langue de sable blanc barre en deux la longueur du chenal. Dessus, des cocotiers et quelques beaux établissements en bois, colorés, jolis, très class. Nous sommes déjà en basse saison et il n’y a pas trop de monde au mouillage. En saison (de novembre à début mai), les places sont chères. La matinée du lendemain est consacrée à la découverte des environs. Marigot Bay est un chenal étroit avec beaucoup de cailloux sur les bords et peu de profondeur d’eau. Le bassin du fond de la baie est dans la mangrove. On y achève la construction d’un énorme complexe touristique tout en bois. Ce sera très beau, très chic. Beaux matériaux, belle architecture. Mais c’est très massif et concentré et la saturation risque d’être vite atteinte.
Après-midi, nous poussons la navigation jusqu’au sud de l’île, à la Soufrière. Le vent est de 15 à 20 nœuds, toujours d’est, et la mer est calme. Nous voguons avec Genois, Solent et Artimon, et Peggy à la barre. Nous mouillons sur un corps-mort au bord de la falaise face aux pics du Petit et du Grand Piton qui surgissent de la mer. Le site est grandiose. La baie est très large, avec beaucoup de hauteur d’eau. C’est aussi une réserve marine. D’où la double obligation d’amarrer sur une bouée.
On plonge voir en dessous. La faune et la flore sont superbes et le tombant vers les hauts-fonds est assez impressionnant. N’est-ce pas Peggy ?
La nuit est rouleuse, chaude, avec moustiques et le bruit de l’eau qui claque sur les rochers situés à 20 mètres à peine de Petrushka. Le capitaine dort mal, un peu inquiet de cette proximité. Dans les anfractuosités nichent des centaines de chauve-souris. Le réveil est plutôt courbaturé. On trouve des petites bêtes dans notre réserve de biscottes… On les balance à l’eau (les biscottes), attirant des dizaines de poissons voraces, lignés jaune et gris. Peggy et moi allons voir le spectacle d’en bas tandis que Christian continue à alimenter les affamés. Il y a aussi de gros poissons jaunes et des bancs de tout petits poissons bleutés. Avec la flore colorée et la lumière bleue violacée sur le tombant, c’est très beau.
Nous allons à terre voir le cratère du volcan, ses trous sulfureux bouillonnants et ses fumerolles puantes. C’est un peu l’attrape touristes : un guide pour nous emmener à l’entrée du site, un autre au cratère. Mais nous apprécions particulièrement l’heure qui suit. Nous la passons sous le massage d’une petite cascade qui tombe dans un bassin naturel de pierre. L’eau est chaude, 35°C et soufrée. Nous profitons seuls pendant une heure de cet endroit isolé. Ensuite arrivent les Américains, en grappe. Nous nous séchons et partons arpenter les ruelles du village de Soufrière. Autrefois, sur la place de l’église trônait une guillotine. Aujourd’hui c’est plutôt tranquille. Nous entrons dans une gargote locale animée, qui ne paie pas de mine. On y grille un peu de tout sur de grands barbecues et on y trouve des salades et garnitures de légumes en tout genre, préparées par les grosses matrones qui trônent derrière le comptoir. On se prend chacun une tranche de porc grillé avec salade mixte, sous la tonnelle de la cour intérieure. Délicieux.
Nous traînons ensuite dans la rue des pêcheurs où c’est jour de grande lessive. Il y a du linge étendu partout. La vie semble très communautaire, on ne sait où finit le cabanon de l’un et où commence celui du voisin. Je me demande comment ils retrouvent quoi appartient à qui, tant du linge que des enfants, des poules, des chiens et des moutons qui courent partout.
Nous décidons de changer de mouillage, espérant passer une meilleure nuit de l’autre côté de la baie, face à la plage. C’est notre premier mouillage bahaméen : une ancre à l’avant et un cordage à l’arrière amené à terre et accroché à un cocotier (ou en l’occurrence à un petit palétuvier). Ca nous évitera de tourner avec la houle et le changement de marée.
Le 20 mai nous quittons Ste Lucie pour St Vincent. Réveil à 5H30. Départ dans le calme à 6H00. Pas de vent. Pourtant un grain nous rafraîchit bien en quittant l’île et un autre nous accueille à St Vincent. Nous partons donc au moteur mais à mi-chemin, un petit vent s’établit et nous permet de poursuivre sous voiles, avec Genois, Suédoise et Artimon. Nous visons la baie de Cumberland, au centre ouest de St Vincent, mais nous passons outre sans nous en apercevoir, tant l’entrée de la petite baie est discrète et étroite. Nous revenons sur nos pas. Le comité d’accueil s’appelle aujourd’hui Joseph. Il nous guide pour ancrer près de la plage et nous aide à porter une amarre à terre pour un nouveau mouillage bahaméen. Ici les fonds tiennent mal et descendent de façon abrupte ; il vaut mieux se prémunir d’éventuels dérapages de l’ancre. Il y a quatre bateaux au mouillage et de rares autochtones sur la plage. Un second Joseph, plus vieux celui-ci, vient nous vanter la carte de son petit bar-restaurant. Puis c’est le vieux Sydney qui arrive avec sa barque pour nous proposer tout et rien de précis. On dit OK pour des cocos vertes, pour en boire l’eau désaltérante. Il part à la cueillette mais ne nous ramène que de décevantes petites cocos brunes et sèches. Comme on le trouve sympa et rigolo avec ses « listen to Sydney » et son insistance à vouloir emmener Peggy dans son village, on lui achète ses vieilles cocos, on lui offre un verre de vin et on lui donne un vieux tee-shirt. Ensuite, ce sont trois gamins qui pêchent sur des chambres à air qui viennent demander des biscuits. Ils sont un peu fatigants tous ces visiteurs, mais tellement souriants et plein de grâce.
La nuit est calme, bien que chaude et avec moustiques. Après le bain matinal, Peggy et Christian pêchent quelques petits poissons qui devront servir d’appâts pour espérer tout à l’heure une plus grosse prise. Enfin Christian pêche, et Peggy essaye d’en faire autant. Mais malgré une belle patience, la pêche restera un mystère pour Peggy. C’en est un pour moi aussi. J’ai renoncé à essayer…
Pour oublier cette frustration, nous partons pour « Young Island Cut », à côté de Kingstown la capitale de St Vincent. Il y a beaucoup de vagues, de courant et de vent dans le coin. On s’amarre à un corps-mort dans l’étroit chenal entre l’île de St Vincent et la minuscule Young Island, qui abrite un joli hôtel spécialisé dans les voyages de noce. Nous sommes juste au bord du récif. Le courant est très fort dans le chenal, mais on ne roule pas. Sur terre, côté St Vincent, il y a quelques beaux bars et restaurants. On sent que la saison se termine et il n’y a pas grand monde. Nous faisons le tour des restos, cherchant le moins cher car nous n’avons plus grand-chose à manger à bord. Nous allons chez Xcape, sur la terrasse en bois, et nous y mangeons plutôt bien.
Le lendemain, petite escale de 9 miles nautiques jusque Bequia, notre première étape dans les Grenadines. Les creux atteignent 2 mètres, nous avons un petit vent étable et Petrushka est heureux. On fait un virement de bord en arrivant dans l’Admiralty Bay à Bequia, on essuie un petit grain qui nous dessale bien, puis un deuxième, et on arrive sous voiles presque jusqu’au mouillage. En 10 minutes nous sommes installés, panneaux solaires mobiles fixés, bateau ventilé, annexe à l’eau, etc. A trois, c’est drôlement plus efficace. Chacun connaît bien son boulot !
Nous passons l’après-midi à terre pour accomplir les formalités, faire quelques courses au marché local Rasta, aller à la chasse aux infos pour le retour de Peggy. Nous ne savons toujours pas où elle pourra trouver une connexion pour regagner Fort-de-France.
Le jour suivant, départ de Bequia vers 12H00. Nous passons entre les îlots de Petit Nevis, Isla Quatre, … La navigation est bonne, on avance bien, malgré le frein du courant.
Normalement, le retour s’effectue en sens inverse. Mais je ne m’en sens pas capable et nous repartons donc à pied vers le village des Fonds St Denis. Il est 13HOO, il fait chaud, lourd et ça grimpe comme pas permis. Nous sommes en nage. Au village, une petite auberge où nous achetons de l’eau. La patronne nous propose de nous ramener en voiture à St Pierre. Quelle gentillesse ! Vous ai-je dit combien les Antillais ont le cœur sur la main, et du temps à consacrer aux autres ? Combien en avons-nous rencontré de ces gens charmants, souriants, qui vous viennent en aide sans rien demander en retour. Le matin même, cet homme qui travaillait à l’entretien des bords de route et qui a laissé son boulot pour nous accompagner durant un kilomètre pour nous remettre sur le bon chemin. Et cette dame ce matin aussi, dans sa petite maison avec des arbres fruitiers magnifiques que nous admirions, et qui nous a offert un sac entier de mangues fraîches…
Le 10 mai, nous quittons St Pierre pour Fort de France. Navigation au moteur car le vent est faible et de face. Nous avons un peu de ravitaillement à faire et du rangement, pour accueillir à bord, le 13 mai, une équipière de qualité qui nous rejoint pour deux bonnes semaines de navigation vers les Grenadines…
Le samedi 13 mai nous accueillons à bord mon amie Peggy pour 2 bonnes semaines. Désormais la vie à bord s’organise à trois. Dans un petit espace comme un bateau, ce n’est pas évident. Chacun doit trouver ses marques. Mais Peggy connaît déjà Petrushka, a déjà navigué, et nous ne nous faisons aucun souci sur ses facultés d’adaptation. Nous lui avons cependant prévu un amarinage en douceur.
Le dimanche nous allons en bus aux Jardins de Balata, jardin botanique sur les hauteurs de Fort-de-France. Joli, sans plus. Capitale ou pas, la vie n’est pas plus animée à Fort-de-France qu’ailleurs le dimanche. Dans l’après-midi, nous levons l’ancre et un bon petit vent nous amène aux Anses d’Arlet, où nous nous étions arrêtés déjà lors de notre voyage aller. J’emmène Peggy visiter ce petit rocher près de la plage qui abrite plein de poissons colorés. J’aime toujours autant ce coin. En soirée, la houle se fait sentir assez fort. Elle barbouillera l’estomac de Peggy, restée un peu trop longtemps dans le hamac. Fatigue du voyage + soleil + décalage horaire + hamac qui bouge = pas possible d’avaler le repas du soir. La nuit sera mauvaise pour Christian et moi car inconfortable. Mais Peggy dort très bien ! Et le lendemain elle est en pleine forme pour refaire une petite plongée au dessus de l’aquarium. Après-midi, on va mouiller un peu plus loin, à Ste Anne, et le lendemain nous allons au quai de la marina du Marin pour faire le plein de tous les réservoirs avant de partir vers Sainte Lucie. Une nouvelle île !
On part avec un vent d’est de 20 nœuds bien établis et j’ai quelques craintes pour la navigation du jour, plus longue que les précédentes, avec Peggy qui n’est pas encore bien amarinée. Un vrai mal de mer, c’est insupportable. Mais notre équipière se comporte bien. Certes un peu vissée sur le caisson en bois sous l’artimon, se concentrant sur le seul point fixe de l’horizon : Ste Lucie. On a le vent de travers, les creux sont de 1,5 m à 2 m, mais la mer est confortable et on ne gîte pas trop. Et pour agrémenter cette belle navigation, nous voyons un globicéphale (gros dauphin à la tête ronde) qui suit le bateau un moment, traîne le long de la coque pour se laisser admirer, puis décide d’aller se faire voir ailleurs.
Arrivée à Rodney Bay, large baie ouverte derrière Pigeon Island. Le lendemain nous passons la matinée à essayer de résoudre le problème du vol retour de Peggy à partir d’une des îles des Grenadines, pour ne pas devoir retourner à FdF.
Cela s’avère plus compliqué que prévu et ce n’est pas à Ste Lucie que nous aurons la solution.
L’étape suivante nous mène à Marigot Bay, au milieu de la côte ouest de Ste Lucie. C’est un joli mouillage, où nous arrivons en fin de journée après une navigation tranquille sous voiles. Sur la gauche de notre mouillage, une langue de sable blanc barre en deux la longueur du chenal. Dessus, des cocotiers et quelques beaux établissements en bois, colorés, jolis, très class. Nous sommes déjà en basse saison et il n’y a pas trop de monde au mouillage. En saison (de novembre à début mai), les places sont chères. La matinée du lendemain est consacrée à la découverte des environs. Marigot Bay est un chenal étroit avec beaucoup de cailloux sur les bords et peu de profondeur d’eau. Le bassin du fond de la baie est dans la mangrove. On y achève la construction d’un énorme complexe touristique tout en bois. Ce sera très beau, très chic. Beaux matériaux, belle architecture. Mais c’est très massif et concentré et la saturation risque d’être vite atteinte.
Après-midi, nous poussons la navigation jusqu’au sud de l’île, à la Soufrière. Le vent est de 15 à 20 nœuds, toujours d’est, et la mer est calme. Nous voguons avec Genois, Solent et Artimon, et Peggy à la barre. Nous mouillons sur un corps-mort au bord de la falaise face aux pics du Petit et du Grand Piton qui surgissent de la mer. Le site est grandiose. La baie est très large, avec beaucoup de hauteur d’eau. C’est aussi une réserve marine. D’où la double obligation d’amarrer sur une bouée.
On plonge voir en dessous. La faune et la flore sont superbes et le tombant vers les hauts-fonds est assez impressionnant. N’est-ce pas Peggy ?
La nuit est rouleuse, chaude, avec moustiques et le bruit de l’eau qui claque sur les rochers situés à 20 mètres à peine de Petrushka. Le capitaine dort mal, un peu inquiet de cette proximité. Dans les anfractuosités nichent des centaines de chauve-souris. Le réveil est plutôt courbaturé. On trouve des petites bêtes dans notre réserve de biscottes… On les balance à l’eau (les biscottes), attirant des dizaines de poissons voraces, lignés jaune et gris. Peggy et moi allons voir le spectacle d’en bas tandis que Christian continue à alimenter les affamés. Il y a aussi de gros poissons jaunes et des bancs de tout petits poissons bleutés. Avec la flore colorée et la lumière bleue violacée sur le tombant, c’est très beau.
Nous allons à terre voir le cratère du volcan, ses trous sulfureux bouillonnants et ses fumerolles puantes. C’est un peu l’attrape touristes : un guide pour nous emmener à l’entrée du site, un autre au cratère. Mais nous apprécions particulièrement l’heure qui suit. Nous la passons sous le massage d’une petite cascade qui tombe dans un bassin naturel de pierre. L’eau est chaude, 35°C et soufrée. Nous profitons seuls pendant une heure de cet endroit isolé. Ensuite arrivent les Américains, en grappe. Nous nous séchons et partons arpenter les ruelles du village de Soufrière. Autrefois, sur la place de l’église trônait une guillotine. Aujourd’hui c’est plutôt tranquille. Nous entrons dans une gargote locale animée, qui ne paie pas de mine. On y grille un peu de tout sur de grands barbecues et on y trouve des salades et garnitures de légumes en tout genre, préparées par les grosses matrones qui trônent derrière le comptoir. On se prend chacun une tranche de porc grillé avec salade mixte, sous la tonnelle de la cour intérieure. Délicieux.
Nous traînons ensuite dans la rue des pêcheurs où c’est jour de grande lessive. Il y a du linge étendu partout. La vie semble très communautaire, on ne sait où finit le cabanon de l’un et où commence celui du voisin. Je me demande comment ils retrouvent quoi appartient à qui, tant du linge que des enfants, des poules, des chiens et des moutons qui courent partout.
Nous décidons de changer de mouillage, espérant passer une meilleure nuit de l’autre côté de la baie, face à la plage. C’est notre premier mouillage bahaméen : une ancre à l’avant et un cordage à l’arrière amené à terre et accroché à un cocotier (ou en l’occurrence à un petit palétuvier). Ca nous évitera de tourner avec la houle et le changement de marée.
Le 20 mai nous quittons Ste Lucie pour St Vincent. Réveil à 5H30. Départ dans le calme à 6H00. Pas de vent. Pourtant un grain nous rafraîchit bien en quittant l’île et un autre nous accueille à St Vincent. Nous partons donc au moteur mais à mi-chemin, un petit vent s’établit et nous permet de poursuivre sous voiles, avec Genois, Suédoise et Artimon. Nous visons la baie de Cumberland, au centre ouest de St Vincent, mais nous passons outre sans nous en apercevoir, tant l’entrée de la petite baie est discrète et étroite. Nous revenons sur nos pas. Le comité d’accueil s’appelle aujourd’hui Joseph. Il nous guide pour ancrer près de la plage et nous aide à porter une amarre à terre pour un nouveau mouillage bahaméen. Ici les fonds tiennent mal et descendent de façon abrupte ; il vaut mieux se prémunir d’éventuels dérapages de l’ancre. Il y a quatre bateaux au mouillage et de rares autochtones sur la plage. Un second Joseph, plus vieux celui-ci, vient nous vanter la carte de son petit bar-restaurant. Puis c’est le vieux Sydney qui arrive avec sa barque pour nous proposer tout et rien de précis. On dit OK pour des cocos vertes, pour en boire l’eau désaltérante. Il part à la cueillette mais ne nous ramène que de décevantes petites cocos brunes et sèches. Comme on le trouve sympa et rigolo avec ses « listen to Sydney » et son insistance à vouloir emmener Peggy dans son village, on lui achète ses vieilles cocos, on lui offre un verre de vin et on lui donne un vieux tee-shirt. Ensuite, ce sont trois gamins qui pêchent sur des chambres à air qui viennent demander des biscuits. Ils sont un peu fatigants tous ces visiteurs, mais tellement souriants et plein de grâce.
La nuit est calme, bien que chaude et avec moustiques. Après le bain matinal, Peggy et Christian pêchent quelques petits poissons qui devront servir d’appâts pour espérer tout à l’heure une plus grosse prise. Enfin Christian pêche, et Peggy essaye d’en faire autant. Mais malgré une belle patience, la pêche restera un mystère pour Peggy. C’en est un pour moi aussi. J’ai renoncé à essayer…
Pour oublier cette frustration, nous partons pour « Young Island Cut », à côté de Kingstown la capitale de St Vincent. Il y a beaucoup de vagues, de courant et de vent dans le coin. On s’amarre à un corps-mort dans l’étroit chenal entre l’île de St Vincent et la minuscule Young Island, qui abrite un joli hôtel spécialisé dans les voyages de noce. Nous sommes juste au bord du récif. Le courant est très fort dans le chenal, mais on ne roule pas. Sur terre, côté St Vincent, il y a quelques beaux bars et restaurants. On sent que la saison se termine et il n’y a pas grand monde. Nous faisons le tour des restos, cherchant le moins cher car nous n’avons plus grand-chose à manger à bord. Nous allons chez Xcape, sur la terrasse en bois, et nous y mangeons plutôt bien.
Le lendemain, petite escale de 9 miles nautiques jusque Bequia, notre première étape dans les Grenadines. Les creux atteignent 2 mètres, nous avons un petit vent étable et Petrushka est heureux. On fait un virement de bord en arrivant dans l’Admiralty Bay à Bequia, on essuie un petit grain qui nous dessale bien, puis un deuxième, et on arrive sous voiles presque jusqu’au mouillage. En 10 minutes nous sommes installés, panneaux solaires mobiles fixés, bateau ventilé, annexe à l’eau, etc. A trois, c’est drôlement plus efficace. Chacun connaît bien son boulot !
Nous passons l’après-midi à terre pour accomplir les formalités, faire quelques courses au marché local Rasta, aller à la chasse aux infos pour le retour de Peggy. Nous ne savons toujours pas où elle pourra trouver une connexion pour regagner Fort-de-France.
Le jour suivant, départ de Bequia vers 12H00. Nous passons entre les îlots de Petit Nevis, Isla Quatre, … La navigation est bonne, on avance bien, malgré le frein du courant.
Nous arrivons à Mustique en fin de journée. Mustique, vous en avez tous certainement entendu parler ? Cette île de milliardaires au milieu des Grenadines. Ca commence à bien ressembler au cliché de l’île tropicale paradisiaque que Peggy espérait trouver ici. C’est 5km²de collines abritant une centaine de villas luxueuses, refuges de princes et de stars du rock. Depuis les années 60, l’île est en gestion privée, par la « Mustique Company », qui comprend l’ensemble des propriétaires de l’île. Pour faire partie du club, il faut montrer patte blanche et aligner de multiples zéros sur son compte bancaire. Mais si vous en avez les moyens, la plupart de ces villas de rêve peuvent aussi être louées à la semaine, tout le staff d’entretien inclus. J’ai obtenu la brochure de présentation avec tarifs pour les amateurs.
Tout ici est propre et bien rangé, organisé. Les habitants circulent à bord de voiturettes électriques comme sur les parcours de golf. Et ils chargent volontiers le touriste de passage pour un lift. La nature sauvage est préservée, bien que pas mal disciplinée, harmonie d’ensemble oblige. Les plages sont magnifiques et l’eau est bleue et transparente comme jamais. Le mouillage au corps-mort est obligatoire et payant. C’est assez cher, mais on peut rester 3 jours pour le même prix. A Britannia Bay, nous sommes face à la plage où sont alignées les barques colorées des pêcheurs. Il y a de petites maisons roses ou vertes avec des festons de bois blanc et le beau bâtiment du Basil’s Bar avec ses pilotis en bois. Tout est beau ici, où que se porte le regard. Les îlots au large réconfortent, diminuent l’impression d’isolement. La nuit, les lumières de Bequia toute proche scintillent.
Au petit airstrip de Mustique nous trouvons la solution pour le retour de Peggy : vol de Mustique à St Vincent, puis de là vers la Martinique (en passant par la Barbade) pour prendre le retour sur Paris, puis Belgrade. Quel voyage !
Tout ici est propre et bien rangé, organisé. Les habitants circulent à bord de voiturettes électriques comme sur les parcours de golf. Et ils chargent volontiers le touriste de passage pour un lift. La nature sauvage est préservée, bien que pas mal disciplinée, harmonie d’ensemble oblige. Les plages sont magnifiques et l’eau est bleue et transparente comme jamais. Le mouillage au corps-mort est obligatoire et payant. C’est assez cher, mais on peut rester 3 jours pour le même prix. A Britannia Bay, nous sommes face à la plage où sont alignées les barques colorées des pêcheurs. Il y a de petites maisons roses ou vertes avec des festons de bois blanc et le beau bâtiment du Basil’s Bar avec ses pilotis en bois. Tout est beau ici, où que se porte le regard. Les îlots au large réconfortent, diminuent l’impression d’isolement. La nuit, les lumières de Bequia toute proche scintillent.
Au petit airstrip de Mustique nous trouvons la solution pour le retour de Peggy : vol de Mustique à St Vincent, puis de là vers la Martinique (en passant par la Barbade) pour prendre le retour sur Paris, puis Belgrade. Quel voyage !
Nous profitons un peu de Mustique, de ses eaux, de ses plages, de son calme. Nous y passons deux nuits avant de poursuivre vers les Tobago Cays que nous souhaitons découvrir avec Peggy. Ce sont 5 îlots minuscules, inhabités, perdus au milieu d’un massif de corail, accessibles par quelques passes à aborder avec prudence, et protégés du large par l’immense barrière de corail de « Horseshoe Reef » et par une autre plus à l’est appelée « World’s End Reef ».Mouillage de rêve, dans de l’eau de rêve, couleurs de rêve, îlots de rêve tout autour. Bien sûr la beauté des lieux attire tous les bateaux de passage et il faut partager cet endroit sauvage. Et dire que nous sommes en basse saison. Nous n’osons imaginer la surpopulation nautique de la pleine saison. Mais chacun ici semble être là pour la même raison : savourer calmement la majesté de ce recoin du monde, que ce soit pour quelques heures ou pour quelques jours. Nous mettons pied à terre sur Jamesby, Petit Bateau et Petit Rameau. Nous escaladons ces petits cailloux pour se rassasier de la vue imprenable et des dégradés infinis de bleus. Nous ancrons notre annexe au dessus du récif pour visiter la faune et la flore marines. Pas beaucoup d’eau sous le ventre, ce n’est pas ici que nous risquons de croiser des requins. Par contre des petits serpents, il y en a. Nous préférons les imaginer inoffensifs. En remontant dans le zodiac, Peggy, avec sa douceur habituelle, m’envoie un bon coup de palme sur le crâne. Rassure-toi Peggy : aujourd’hui ma balafre est bien cicatrisée !
Nous profitons deux jours de ce petit paradis. Le 27 mai nous appareillons vers l’île de Canouan après une nuit très venteuse. Courte navigation agréable, sous voiles, jusque Charlestown. Mouillage au corps-mort. Les fonds sont herbeux et l’eau n’est donc pas transparente. Ca ne nous empêche pas de prendre notre douche quotidienne en fin de journée. Je vous ai déjà raconté le rituel du bain-douche ? On procède comme suit : d’abord on emmène sur le pont du shampoing et du savon et un bidon d’eau douce. Ensuite on saute à l’eau. On remonte à l’échelle. Ceci demande un peu de technique ; Petrushka n’a pas de jupe arrière (ce qui permet à la plupart des bateaux de remonter facilement à bord depuis l’eau) et la petite échelle de corde que nous fixons sur le côté tribord à cet effet bouge un peu. Faut pas se coincer les orteils. Ensuite on se shampouine. Puis on saute encore à l’eau pour se rincer le crâne. On remonte et on se savonne le corps. On saute encore à l’eau pour se rincer. On se re-hisse à bord et on se fait un court rinçage à l’eau douce. Puis repos.
En soirée, nous faisons le tour de la petite ville de Charlestown. C’est très animé. Tout le monde est dehors, comme tous les soirs. Comme nous sommes samedi, il y a la musique en plus. Partout. A tue-tête. Ca discute, ça crie, ça bouge. Dommage, les rues ne sont pas très propres.
Le lendemain matin nous retournons à terre à la recherche d’un magasin d’alimentation. C’est dimanche et avant la fin des offices, il ne faut rien espérer trouver d’ouvert. Seules les églises vivent et chantent bruyamment. Chacun s’est fait beau, les belles se sont toilettées, chapeautées, bijoutées, les fillettes portent leurs soquettes blanches à colerette et des rubans dans les cheveux, les hommes leur belle chemise des grandes occasions.
Après-midi, il faut repartir vers Mustique car Peggy y prend son vol le lendemain. Nous faisons un bon repas à bord, un peu arrosé, terminé sur des bananes flambées au rhum. Et un dernier verre au Basil’s Bar…Peggy a un petit coup de spleen, et moi un petit coup dans l’aile.
Peggy, il faut que tu reviennes à bord pour tenter cette expérience nocturne extrême sur le balcon arrière…
1 commentaire:
WOW, quelle jolie petite lecture pour commencer un lundi matin... même un petit fou-rire, où mes collègues de bureau doivent se poser des questions???
Et une grande larme d'émotion! C’est fort sympathique de pouvoir relire après une année et demie un récit sur une partie minuscule de votre grand voyage...Contente que t’as pu résister à mettre des photos. Mais j’ai peur que ça ne va pas tarder. ATTENTION !!! Le monde est petit, et je saurais te retrouver et je ne garanties pas pour les conséquences éventuelles...
Continuez avec votre blog, moi je vais le lire. Et il faut surtout pas se laisser décourager s’il n’y aurait pas le feedback que vous souhaitez.
Allez, j’aimerais bien lire au plus tard dans une année et demie la prochaine petite étape que j’ai partagé avec vous au Chili ou ailleurs.
Gros bissous
Peggy
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