Jeudi 15 mars (8 ème jour - une semaine en mer)
Position : 12°.07.060 S – 93°.09.212 W GPS : 9776 Cap : 220° Sog : 5.5>7 noeuds
120 miles parcourus = 5.37 noeuds moteur : 2h00 charge batteries et désal
Mer difficile, complètement moutonnée, houle courte et forte difficile à gérer avec ce cap
Wind : SE 4.5>6 sous rafales de grains entre 16 et 30 nœuds
5h30, suis fatigué. Dans le noir, Carlos me demande un bol de céréales, je me recouche en attendant le sifflet de la bouilloire pour mon café et l’arrivée du jour. Dès le lever du jour je reprends un cap au près serré 205°, c’est dur car la mer est contre nous, ça tape puissamment dans de grandes gerbes à 27 nœuds, je dois un peu abattre pour soulager le pilote. "Azzar", Claude est à 230 miles dans mon Est un peu en avant, conditions de vent plus clémentes. Je fais désormais la vaisselle immédiatement pour éviter l’accumulation.
Mon déjeuner : je termine le reste de macaronis avec deux œufs cuit durs, une tartine rôtie. Cet après midi Carlos prend l’air à la terrasse arrière, mange un pot de compote et un œuf, parle peu, regarde les thons avec l’envie d’être à leur place, « à l’aise ».
Petrushka est régulièrement recouvert de gros embruns qui éclatent sur bâbord , passe par-dessus tout jusqu'à l’arrière, tout est trempé, heureusement que la capote de rouf protège bien, les dalots de pont évacuent sous pression la masse de mer dont le pont est recouvert. Le spectacle est magnifique, car à chaque fois c’est un arc en ciel de couleurs qui nous survole. Grand soleil, le Pacifique est superbe, un immense champ bleu, ondulant sous le vent et parcouru de milliers de moutons blancs, ici ils ont de la place car on est actuellement à la latitude de Lima, mais 1200 km en mer, dans le « plus grand désert du monde » à l’Ouest très loin La Polynésie, dans le Sud l’Antarctique, il n’y pas d’embouteillage sur la zone, je prends conscience de notre isolement, en cas de gros problème faudrait un bon bout de temps pour nous récupérer, si on nous trouve.... C’est Fou.
Malgré une petite baisse de forme, je cuisine une bonne potée de choux rouge pommes de terre, je pourrais ouvrir une des nombreuses boîtes de conserve, non, il faut que je cuisine un peu chaque jour, cela me relaxe et puis c’est marrant, assis sur le capot moteur, vu l’inclinaison, je me cale avec jambes et pieds sur les cloisons et commence à éplucher pommes de terre, Mais mon bermuda glisse sur mon slip (celui-là faudra que je vous en parle) et je me retrouve sur le dos, une patate dans une main, l’autre cherchant à m’accrocher, si Béjart me voyait, il m’engage. Le ballet c’est bien terminé, le choux rouge a essayé de filer en douce avant la fin de la représentation mais l’écumoir veillait au portillon. Actuellement ça hume la bonne cuisine Grand-mère mais manque dans la préparation « du sein doux comme ceux de mon Aimée ».
La journée, en dehors de la navigation, du réglage des voiles, de la cuisine, un peu de ménage, faire l’infirmière-nounou et la rédaction de ce récit, ouf... quel boulot, il me reste un peu de loisirs pour lire, mais je m’endors alors tout de suite ainsi la lecture d’un livre prend pas mal de temps, j’en ai plusieurs en ouvrage « suivant mon état mental !! pour le moment rien d’érotique, je tiens le coup....tout seul ....
J’écoute beaucoup de musique, mon préféré, le matin, Mozart et découvre avec bonheur Malher, ensuite beaucoup de Brel (déjà l’influence des Marquises) Aznavour, Reggiani, Stephan Grappelli, Django Reinhart, le couple Dave-Patrick Juvet (2 focs) ...... CloClo, Rina Keti, Elmut Loti (clin d’œil à H’’strid ma douce ? et aimée belle mère), des CD Afro Cubains et bien sûr mes cassettes de musiques africaines enregistrées à l’époque de l’émission Cadence à la RTBF et du fabuleux présentateur Dieudonné Kabongo et Nicole Debart, alors ça zouk un peu à bord surtout au moment de l’apéro-seul et non pas bic, mon partenaire de gym étant malade et non pas tonic....
Carlos est un peu mieux, je lui confie la barre pendant une heure, il fait cela très bien mais en sort épuisé, mange un peu de potée et bœuf bourguignon mais les conditions de mer deviennent mauvaises.
Houle courte et profonde, le vent a forcit, 6 Be et fortes rafales à 7, on pique l’étrave dans les lames, quel que soit le cap c’est idem, jusqu'à 02h00 on va souffrir, à l’intérieur couché on s’écrase à chaque vague et on rebondit vers le haut quand Petrushka repart de l’avant sous la poussée du vent. Carlos parle à voix haute dans sa cabine, je lui propose de sortir dans le cockpit avec moi, mais là on se fait doucher, ras le bol... je le couche sur le plancher au pied du mât. Petrushka file dans le noir en aveugle, à chaque choc et passage de la vague sur le rouf, c’est une appréhension, on finit par avoir des idées noires (forcement il fait nuit) ça doit pas être follement gai de se retrouver au jus dans de telles conditions, mieux vaut mourir rapidement, un canif pour se tailler les veines. Je suis en alerte dans le cockpit ou au pied de la descente, à la vue de la mer en furie, inévitablement on pense au pire, il est certain, on aurait peu de chance de s’en sortir. A 02h00 tout se calme, on peut dormir en paix mais Dieu que cela été dur, vraiment dur, pas trop souvent Seigneur...
Comme c’est beau l’Océan sur un écran..... flottant dessus, c’est excitant mais moins drôle......
Vendredi 16 Mars (9ème jour)
Position : 13°.51.164 S – 9°.59.538 W GPS : 9894 Cap : 196/200° Sog : 5.5/7 noeuds
118 miles parcourus = 4.91 noeuds moteur : 2h00 charge batteries et désal
Mer: matin peu agitée houle faible et moyenne longueur - T° mer: 26.3 diminue ainsi que extérieur 27°
Wind : matin :SE entre 4/5 Be 16/22 noeuds > 6 Be : 24 noeuds sous rafales passage de grains
après midi : faible Est 3/4 Be 12 /14 noeuds
nuit : complètement instable de SE de 3 à 5 Be calme et brusques rafales > 7 Be 35 noeuds
L’aube qui pointe à travers les hublots me réveille, 6h30. J’ai dormi d’affilée plus de 4hrs confiant notre destinée à ce bon Petrushka. Après le début de nuit chaotique, je sentais dans mon sommeil le bateau glisser docilement, sans effort, j’ai bien dormi. Je prépare le rituel du café en attendant le sifflet du pinson (non pas Carlos, la bouilloire), je jette un coup d’œil dehors , sur l’horizon, la journée va être belle, comme on fait cap au Sud, le soleil pointe à bâbord et se couche tribord, le ciel est garni de nuages pommelés très blancs. Petrushka a l’air en forme, je lui donne un peu d’avoine en libérant complètement le génois et en bordant plat, cap 190° tout de suite il se met à poursuivre ses copines les vagues pour leur faire payer leur arrogance de la nuit, même si ce matin elles se font toutes gentilles. Mon Hidalgo se lève au bruit de la vacation radio avec Claude. Il est un peu groggy (cela peu se comprendre) mais meilleure mine et s’installe dans le cockpit. Azzar nous prend un peu de terrain, 230° miles, il est sur une latitude de 14°41’ plus sud et longitude Est de 89°45, mêmes conditions de vent et mer. Suis content de lui parler et il va contacter Marinette pour lui demander de stopper provisoirement ces gentils messages d’amour et récits malgaches trop longs qui bloquent complètement le système. SailMail : c’est pas des E mails via internet mais via des communications radio hautes fréquences. Nos messages sont réceptionnés par des stations terrestres qui les injectent sur internet. Suivant ma position, j’ai le choix entre différentes stations et fréquences, mais les ondes sont instables et si on envoie ou reçoit un long message, la communication peu se couper et il faut alors tout reprendre à zéro, donc messages courts, c’est super important. Très belle journée, le ciel est bleu limpide, la mer peu agitée mais hélas le vent faibli en tournant ESE-E. Je gagne en cap : 180° mais avec l’allure d’ un escargot.
Carlos a mangé son assiette de tomates fraîches, ail, oignons et tuna et une petite tartine rôtie, pas plus car il est encore en convalescence, je pense que l’air frais de la terrasse de la clinique ce matin lui a fait du bien mais il avait froid, la t° est « basse !!» 26° le matin, l’infirmière de service, une blonde un peu crade avec une barbe de 8 jours, le chemisier grand ouvert et une voix d’homme, douce mais un caractère à la Balasco Je..... lui ai apporté son pantalon, ses chaussettes blanches et son joli polaire jaune poussin, ainsi vêtu .... style Avoriaz, mais sans les ski et le forfait, il peut rester à l’extérieur « en rêvant de montagnes » sans rien attraper de mauvais, sinon...une bronchite nerveuse, moins grave qu’une grossesse, ouf pour ma réputation.
La t° de la mer est bien descendue, 24.3°, cela va nous ramener du poisson, déjà beaucoup de poissons volants et quelques bonites à leur trousse.
Pour le repas du soir je prépare un petit coulis, encore tomates, olives, oignons avec pâtes et parmesan.
Carlos mange toute son assiette. Vers 22h00 je l’entends encore parler, il prie et invoque à plusieurs reprises la Vierge, la Madone, à nouveau malade et ne supportant pas l’inconfort il me crie « le bateau bouge beaucoup » ok j’abats un peu sur l’Ouest mais désormais on a peu de vitesse et on flotte comme un bouchon c’est encore plus désagréable. Durant toute la nuit je vais ainsi modifier le cap d’Est en Ouest suivant la force du vent. SailMail ne fonctionne toujours pas et j’en ai un coup au moral, pas d’ infos météo et aussi pas de nouvelles de Chouchou ? Elle aussi doit s’inquiéter, bien que Claude se charge de lui donner de mes nouvelles. Mon ordi a été contaminé aux Galapagos et me fait des emmerdes sans prévenir sur les différents programmes. A bord il faut deux ordi, l’ un essentiellement bateau l’autre pour le reste, ainsi pas de contaminations extérieures et pas de soucis.
Position : 12°.07.060 S – 93°.09.212 W GPS : 9776 Cap : 220° Sog : 5.5>7 noeuds
120 miles parcourus = 5.37 noeuds moteur : 2h00 charge batteries et désal
Mer difficile, complètement moutonnée, houle courte et forte difficile à gérer avec ce cap
Wind : SE 4.5>6 sous rafales de grains entre 16 et 30 nœuds
5h30, suis fatigué. Dans le noir, Carlos me demande un bol de céréales, je me recouche en attendant le sifflet de la bouilloire pour mon café et l’arrivée du jour. Dès le lever du jour je reprends un cap au près serré 205°, c’est dur car la mer est contre nous, ça tape puissamment dans de grandes gerbes à 27 nœuds, je dois un peu abattre pour soulager le pilote. "Azzar", Claude est à 230 miles dans mon Est un peu en avant, conditions de vent plus clémentes. Je fais désormais la vaisselle immédiatement pour éviter l’accumulation.
Mon déjeuner : je termine le reste de macaronis avec deux œufs cuit durs, une tartine rôtie. Cet après midi Carlos prend l’air à la terrasse arrière, mange un pot de compote et un œuf, parle peu, regarde les thons avec l’envie d’être à leur place, « à l’aise ».
Petrushka est régulièrement recouvert de gros embruns qui éclatent sur bâbord , passe par-dessus tout jusqu'à l’arrière, tout est trempé, heureusement que la capote de rouf protège bien, les dalots de pont évacuent sous pression la masse de mer dont le pont est recouvert. Le spectacle est magnifique, car à chaque fois c’est un arc en ciel de couleurs qui nous survole. Grand soleil, le Pacifique est superbe, un immense champ bleu, ondulant sous le vent et parcouru de milliers de moutons blancs, ici ils ont de la place car on est actuellement à la latitude de Lima, mais 1200 km en mer, dans le « plus grand désert du monde » à l’Ouest très loin La Polynésie, dans le Sud l’Antarctique, il n’y pas d’embouteillage sur la zone, je prends conscience de notre isolement, en cas de gros problème faudrait un bon bout de temps pour nous récupérer, si on nous trouve.... C’est Fou.
Malgré une petite baisse de forme, je cuisine une bonne potée de choux rouge pommes de terre, je pourrais ouvrir une des nombreuses boîtes de conserve, non, il faut que je cuisine un peu chaque jour, cela me relaxe et puis c’est marrant, assis sur le capot moteur, vu l’inclinaison, je me cale avec jambes et pieds sur les cloisons et commence à éplucher pommes de terre, Mais mon bermuda glisse sur mon slip (celui-là faudra que je vous en parle) et je me retrouve sur le dos, une patate dans une main, l’autre cherchant à m’accrocher, si Béjart me voyait, il m’engage. Le ballet c’est bien terminé, le choux rouge a essayé de filer en douce avant la fin de la représentation mais l’écumoir veillait au portillon. Actuellement ça hume la bonne cuisine Grand-mère mais manque dans la préparation « du sein doux comme ceux de mon Aimée ».
La journée, en dehors de la navigation, du réglage des voiles, de la cuisine, un peu de ménage, faire l’infirmière-nounou et la rédaction de ce récit, ouf... quel boulot, il me reste un peu de loisirs pour lire, mais je m’endors alors tout de suite ainsi la lecture d’un livre prend pas mal de temps, j’en ai plusieurs en ouvrage « suivant mon état mental !! pour le moment rien d’érotique, je tiens le coup....tout seul ....
J’écoute beaucoup de musique, mon préféré, le matin, Mozart et découvre avec bonheur Malher, ensuite beaucoup de Brel (déjà l’influence des Marquises) Aznavour, Reggiani, Stephan Grappelli, Django Reinhart, le couple Dave-Patrick Juvet (2 focs) ...... CloClo, Rina Keti, Elmut Loti (clin d’œil à H’’strid ma douce ? et aimée belle mère), des CD Afro Cubains et bien sûr mes cassettes de musiques africaines enregistrées à l’époque de l’émission Cadence à la RTBF et du fabuleux présentateur Dieudonné Kabongo et Nicole Debart, alors ça zouk un peu à bord surtout au moment de l’apéro-seul et non pas bic, mon partenaire de gym étant malade et non pas tonic....
Carlos est un peu mieux, je lui confie la barre pendant une heure, il fait cela très bien mais en sort épuisé, mange un peu de potée et bœuf bourguignon mais les conditions de mer deviennent mauvaises.
Houle courte et profonde, le vent a forcit, 6 Be et fortes rafales à 7, on pique l’étrave dans les lames, quel que soit le cap c’est idem, jusqu'à 02h00 on va souffrir, à l’intérieur couché on s’écrase à chaque vague et on rebondit vers le haut quand Petrushka repart de l’avant sous la poussée du vent. Carlos parle à voix haute dans sa cabine, je lui propose de sortir dans le cockpit avec moi, mais là on se fait doucher, ras le bol... je le couche sur le plancher au pied du mât. Petrushka file dans le noir en aveugle, à chaque choc et passage de la vague sur le rouf, c’est une appréhension, on finit par avoir des idées noires (forcement il fait nuit) ça doit pas être follement gai de se retrouver au jus dans de telles conditions, mieux vaut mourir rapidement, un canif pour se tailler les veines. Je suis en alerte dans le cockpit ou au pied de la descente, à la vue de la mer en furie, inévitablement on pense au pire, il est certain, on aurait peu de chance de s’en sortir. A 02h00 tout se calme, on peut dormir en paix mais Dieu que cela été dur, vraiment dur, pas trop souvent Seigneur...
Comme c’est beau l’Océan sur un écran..... flottant dessus, c’est excitant mais moins drôle......
Vendredi 16 Mars (9ème jour)
Position : 13°.51.164 S – 9°.59.538 W GPS : 9894 Cap : 196/200° Sog : 5.5/7 noeuds
118 miles parcourus = 4.91 noeuds moteur : 2h00 charge batteries et désal
Mer: matin peu agitée houle faible et moyenne longueur - T° mer: 26.3 diminue ainsi que extérieur 27°
Wind : matin :SE entre 4/5 Be 16/22 noeuds > 6 Be : 24 noeuds sous rafales passage de grains
après midi : faible Est 3/4 Be 12 /14 noeuds
nuit : complètement instable de SE de 3 à 5 Be calme et brusques rafales > 7 Be 35 noeuds
L’aube qui pointe à travers les hublots me réveille, 6h30. J’ai dormi d’affilée plus de 4hrs confiant notre destinée à ce bon Petrushka. Après le début de nuit chaotique, je sentais dans mon sommeil le bateau glisser docilement, sans effort, j’ai bien dormi. Je prépare le rituel du café en attendant le sifflet du pinson (non pas Carlos, la bouilloire), je jette un coup d’œil dehors , sur l’horizon, la journée va être belle, comme on fait cap au Sud, le soleil pointe à bâbord et se couche tribord, le ciel est garni de nuages pommelés très blancs. Petrushka a l’air en forme, je lui donne un peu d’avoine en libérant complètement le génois et en bordant plat, cap 190° tout de suite il se met à poursuivre ses copines les vagues pour leur faire payer leur arrogance de la nuit, même si ce matin elles se font toutes gentilles. Mon Hidalgo se lève au bruit de la vacation radio avec Claude. Il est un peu groggy (cela peu se comprendre) mais meilleure mine et s’installe dans le cockpit. Azzar nous prend un peu de terrain, 230° miles, il est sur une latitude de 14°41’ plus sud et longitude Est de 89°45, mêmes conditions de vent et mer. Suis content de lui parler et il va contacter Marinette pour lui demander de stopper provisoirement ces gentils messages d’amour et récits malgaches trop longs qui bloquent complètement le système. SailMail : c’est pas des E mails via internet mais via des communications radio hautes fréquences. Nos messages sont réceptionnés par des stations terrestres qui les injectent sur internet. Suivant ma position, j’ai le choix entre différentes stations et fréquences, mais les ondes sont instables et si on envoie ou reçoit un long message, la communication peu se couper et il faut alors tout reprendre à zéro, donc messages courts, c’est super important. Très belle journée, le ciel est bleu limpide, la mer peu agitée mais hélas le vent faibli en tournant ESE-E. Je gagne en cap : 180° mais avec l’allure d’ un escargot.
Carlos a mangé son assiette de tomates fraîches, ail, oignons et tuna et une petite tartine rôtie, pas plus car il est encore en convalescence, je pense que l’air frais de la terrasse de la clinique ce matin lui a fait du bien mais il avait froid, la t° est « basse !!» 26° le matin, l’infirmière de service, une blonde un peu crade avec une barbe de 8 jours, le chemisier grand ouvert et une voix d’homme, douce mais un caractère à la Balasco Je..... lui ai apporté son pantalon, ses chaussettes blanches et son joli polaire jaune poussin, ainsi vêtu .... style Avoriaz, mais sans les ski et le forfait, il peut rester à l’extérieur « en rêvant de montagnes » sans rien attraper de mauvais, sinon...une bronchite nerveuse, moins grave qu’une grossesse, ouf pour ma réputation.
La t° de la mer est bien descendue, 24.3°, cela va nous ramener du poisson, déjà beaucoup de poissons volants et quelques bonites à leur trousse.
Pour le repas du soir je prépare un petit coulis, encore tomates, olives, oignons avec pâtes et parmesan.
Carlos mange toute son assiette. Vers 22h00 je l’entends encore parler, il prie et invoque à plusieurs reprises la Vierge, la Madone, à nouveau malade et ne supportant pas l’inconfort il me crie « le bateau bouge beaucoup » ok j’abats un peu sur l’Ouest mais désormais on a peu de vitesse et on flotte comme un bouchon c’est encore plus désagréable. Durant toute la nuit je vais ainsi modifier le cap d’Est en Ouest suivant la force du vent. SailMail ne fonctionne toujours pas et j’en ai un coup au moral, pas d’ infos météo et aussi pas de nouvelles de Chouchou ? Elle aussi doit s’inquiéter, bien que Claude se charge de lui donner de mes nouvelles. Mon ordi a été contaminé aux Galapagos et me fait des emmerdes sans prévenir sur les différents programmes. A bord il faut deux ordi, l’ un essentiellement bateau l’autre pour le reste, ainsi pas de contaminations extérieures et pas de soucis.
Samedi 17 Mars (10 ème jour)
A 8h15 : 10.000 miles (18.000 Km) parcourus depuis Nieuwpoort
Position : 15°.30.857 S – 94.37.552 W GPS : 10002 Cap : 198°/185° Sog: 5>6 noeuds
108 miles parcourus = 4.5 noeuds moteur : 5h (2h00 sans vent – 3h00 eau et batteries)
Mer : peu agité vagues croisées faible houle T° mer : 24.6° T° ext : 27°
Wind : matin SE 4/5 Be 14>21 nœuds Ciel bleu à grains bcp gros cumulo-nimbus noirs
Après midi : SSE/SE 2/3 Be pétole mortelle.
Nuit : ESE de 4/5 constant 16>20 nœuds
Debout à 5h30, marre de ce va et vient permanent entre le cockpit et ma bannette, sans arrêt le vent change à la fois de direction ESE-E-SE et de force de 10 nœuds > 21 nœuds, ainsi en permanence il faut modifier le cap et le réglage des voiles, réduire, renvoyer de la toile, les winchs tournent plein tube, faute de vent, un temps on flotte lamentablement, c‘est un menuet à 2.5 nœud , le temps suivant, vive la polka on navigue la lisse dans l’eau entre 5.5>7 nœuds, les nerfs à rude épreuve et le corps fatigué par les réactions du bateau. Tout grince à l’intérieur, les cloisons ,les planchers grincent, la vaisselle, les couverts participent au concert, à l’extérieur c’est pas mieux, un tangon cogne, une drisse claque, les haubans sifflent.... c’est pas « la croisière s’amuse ». Au 10è jour, la fatigue s’accumule et dans le noir sur ma couchette-trempoline on en vient à se demander si on n’est pas un peu fou et maso de faire plus de 3000 miles au près serré, de se faire peur gratuitement et d’inquiéter ses proches. Les prières voix haute de mon pauvre Carlos me foutent la trouille, « arrête Di Caprio, c’est pas le Titanic » il me dit avoir peur la nuit, moi aussi ... mais je prie en silence... c’est pas du danger mais de l’inconfort. Petrushka est peu toilé avec la suédoise, en deux minutes je peux rentrer genois et solent, la coque est solide, tout Petrushka est solide, alors on se calme, on fait le gros dos, on débraye le cerveau en attendant demain, mais on doit avancer, le chemin est long. J’admire encore plus Jean Luc Van den Hede qui a établit un record autour du monde dans ces conditions de près serré, un extra terrestre et malgré cela encore resté humain, c’est un exemple...d’ homme et de marin.
Le ciel est bleu mais beaucoup de grains sur 360° de l’horizon, il fait frais, 22° à 7h00, longtemps plus connu cela. Le soleil, revoir la mer, le ciel est bleu c’est une fois de plus magnifique, pourquoi faut- il que la nuit tout devienne si difficile ? Le matin, dès les premières notes de l’air des Noces de Figaro Acte III « L Air de la Comtesse » c’est à nouveau le bonheur d’être sur la mer avec Petrushka, mon Cher Bateau, Lui et Moi c’est totalement fou, quelle complicité, quelle compréhension, quelle confiance, en fait tous ces bruits la nuit, le jour, c’est sa façon à lui de me parler, de me mettre en garde, de me protéger, me dire de l’épargner, de me donner le désir et l’amour de naviguer toujours plus loin..... Ensemble.
8h30, Carlos toujours couché malgré musique, BLU, le Pinson etc.... il vit encore, j’ai vu bouger une patte enfin il est debout cad incliné sur tribord, me regarde avec un oeil bizarre « yé pas possible oune nuit paieil yé pas dormi ...hihihi (parfois c’est Garcimor).
Tout au long de la matinée le vent mollit, à 14h00, 2.6 nœuds sur le fond, je craque, roule le génois et Moteur sur un cap 160° pour regagner sur une route directe. Je lis à fond le manuel de l’ordinateur et le chapitre sur les conflits de port USB, afin de solutionner un des problèmes de communication.
Les liaisons radio avec Claude sont très mauvaises, toujours dans l’Est, son avance grandit. Je passe beaucoup de temps à trouver une solution aux problèmes de l’ordi, lu et relu les manuels d’utilisation, vérifier connexions, à 16h00, je pense que cela va marcher, les différents programmes restent ouverts, les connexions port fonctionnent. Essai à 20h00. Termine l’après midi au moteur, toujours vents faibles et variables 10/12 nœuds. Préparation du repas : vol au vent aux épinards, gratin dauphinois, steak de jambon aux tomates. Carlos a encore de l’appétit, c’est sa seule activité à part dormir et regarder la mer avec l’espoir de la terre lointaine. 18h00, j’arrête le moteur, le vent revient et le calme aussi. Le coucher de soleil est superbe, quel embrasement, du rouge, de l’orange, le blanc des nuages, comme c est beau et pur.
La mer est peu agitée et petit à petit Petrushka prend de la vitesse, 5,5>6 nœuds, quatre tours dans le génois pour la nuit, le cap excellent à 180°. A 20h00 connexion SailMail, la station radio du Chili capte 5/5, envoyer et reçu messages de Chouchou, rien que du bonheur, et aussi fax-gip météo.
Passé une bonne nuit, du moins plus confortable, couché à 22h00 ; Réveil toutes les 2h00 pour contrôle, cap, voiles et lampes flash de signalisation. A 4h00, je dois prendre 4 tours de plus et abattre un peu dans l’Ouest, les grains sont sur zones, le vent monte à 6 Be, 24/26 nœuds sous rafales, Sog : pointe à 7 nœuds sur le fond, lisse dans l’eau, l’écume fluorescente tout autour, la mer se creuse, les acteurs entrent en scène......
Sweet Home...... look Ray Charles pour cacher les fatigues du dernier Pacifique Show
Position : 15°.30.857 S – 94.37.552 W GPS : 10002 Cap : 198°/185° Sog: 5>6 noeuds
108 miles parcourus = 4.5 noeuds moteur : 5h (2h00 sans vent – 3h00 eau et batteries)
Mer : peu agité vagues croisées faible houle T° mer : 24.6° T° ext : 27°
Wind : matin SE 4/5 Be 14>21 nœuds Ciel bleu à grains bcp gros cumulo-nimbus noirs
Après midi : SSE/SE 2/3 Be pétole mortelle.
Nuit : ESE de 4/5 constant 16>20 nœuds
Debout à 5h30, marre de ce va et vient permanent entre le cockpit et ma bannette, sans arrêt le vent change à la fois de direction ESE-E-SE et de force de 10 nœuds > 21 nœuds, ainsi en permanence il faut modifier le cap et le réglage des voiles, réduire, renvoyer de la toile, les winchs tournent plein tube, faute de vent, un temps on flotte lamentablement, c‘est un menuet à 2.5 nœud , le temps suivant, vive la polka on navigue la lisse dans l’eau entre 5.5>7 nœuds, les nerfs à rude épreuve et le corps fatigué par les réactions du bateau. Tout grince à l’intérieur, les cloisons ,les planchers grincent, la vaisselle, les couverts participent au concert, à l’extérieur c’est pas mieux, un tangon cogne, une drisse claque, les haubans sifflent.... c’est pas « la croisière s’amuse ». Au 10è jour, la fatigue s’accumule et dans le noir sur ma couchette-trempoline on en vient à se demander si on n’est pas un peu fou et maso de faire plus de 3000 miles au près serré, de se faire peur gratuitement et d’inquiéter ses proches. Les prières voix haute de mon pauvre Carlos me foutent la trouille, « arrête Di Caprio, c’est pas le Titanic » il me dit avoir peur la nuit, moi aussi ... mais je prie en silence... c’est pas du danger mais de l’inconfort. Petrushka est peu toilé avec la suédoise, en deux minutes je peux rentrer genois et solent, la coque est solide, tout Petrushka est solide, alors on se calme, on fait le gros dos, on débraye le cerveau en attendant demain, mais on doit avancer, le chemin est long. J’admire encore plus Jean Luc Van den Hede qui a établit un record autour du monde dans ces conditions de près serré, un extra terrestre et malgré cela encore resté humain, c’est un exemple...d’ homme et de marin.
Le ciel est bleu mais beaucoup de grains sur 360° de l’horizon, il fait frais, 22° à 7h00, longtemps plus connu cela. Le soleil, revoir la mer, le ciel est bleu c’est une fois de plus magnifique, pourquoi faut- il que la nuit tout devienne si difficile ? Le matin, dès les premières notes de l’air des Noces de Figaro Acte III « L Air de la Comtesse » c’est à nouveau le bonheur d’être sur la mer avec Petrushka, mon Cher Bateau, Lui et Moi c’est totalement fou, quelle complicité, quelle compréhension, quelle confiance, en fait tous ces bruits la nuit, le jour, c’est sa façon à lui de me parler, de me mettre en garde, de me protéger, me dire de l’épargner, de me donner le désir et l’amour de naviguer toujours plus loin..... Ensemble.
8h30, Carlos toujours couché malgré musique, BLU, le Pinson etc.... il vit encore, j’ai vu bouger une patte enfin il est debout cad incliné sur tribord, me regarde avec un oeil bizarre « yé pas possible oune nuit paieil yé pas dormi ...hihihi (parfois c’est Garcimor).
Tout au long de la matinée le vent mollit, à 14h00, 2.6 nœuds sur le fond, je craque, roule le génois et Moteur sur un cap 160° pour regagner sur une route directe. Je lis à fond le manuel de l’ordinateur et le chapitre sur les conflits de port USB, afin de solutionner un des problèmes de communication.
Les liaisons radio avec Claude sont très mauvaises, toujours dans l’Est, son avance grandit. Je passe beaucoup de temps à trouver une solution aux problèmes de l’ordi, lu et relu les manuels d’utilisation, vérifier connexions, à 16h00, je pense que cela va marcher, les différents programmes restent ouverts, les connexions port fonctionnent. Essai à 20h00. Termine l’après midi au moteur, toujours vents faibles et variables 10/12 nœuds. Préparation du repas : vol au vent aux épinards, gratin dauphinois, steak de jambon aux tomates. Carlos a encore de l’appétit, c’est sa seule activité à part dormir et regarder la mer avec l’espoir de la terre lointaine. 18h00, j’arrête le moteur, le vent revient et le calme aussi. Le coucher de soleil est superbe, quel embrasement, du rouge, de l’orange, le blanc des nuages, comme c est beau et pur.
La mer est peu agitée et petit à petit Petrushka prend de la vitesse, 5,5>6 nœuds, quatre tours dans le génois pour la nuit, le cap excellent à 180°. A 20h00 connexion SailMail, la station radio du Chili capte 5/5, envoyer et reçu messages de Chouchou, rien que du bonheur, et aussi fax-gip météo.
Passé une bonne nuit, du moins plus confortable, couché à 22h00 ; Réveil toutes les 2h00 pour contrôle, cap, voiles et lampes flash de signalisation. A 4h00, je dois prendre 4 tours de plus et abattre un peu dans l’Ouest, les grains sont sur zones, le vent monte à 6 Be, 24/26 nœuds sous rafales, Sog : pointe à 7 nœuds sur le fond, lisse dans l’eau, l’écume fluorescente tout autour, la mer se creuse, les acteurs entrent en scène......
Sweet Home...... look Ray Charles pour cacher les fatigues du dernier Pacifique Show
Dimanche 18 Mars (11ème jour)
Position : 17°10.738 S – 95°.05.603 W GPS 10114 miles Cap 180° Sog: 4.5 > 6 noeuds
112 miles parcourus = 4.66 noeuds moteur : 4hrs car trop peu de vent hier après midi.
Mer : fort agitée, foule forte ¾ m , vagues dans tous les sens conséquences des grains permanents qui nous tournent autour. T° mer : 24.3° T° ext : 27°
Wind : Matin : Est - SE de 4>6 18>25 noeuds sous les grains
Après midi : toujours ESE 4>6 18>24 noeuds
Nuit : > 22h00 3/4 be ensuite > 6 Be 27 nœuds sous rafales des grains plein de pluie.
Depuis ce matin 4h00, c’est la fête puisque c’est dimanche. Eole et Neptune ont sorti leurs plus beaux atours. Eole, comme une Folle, s’époumone, entre 5 et 6 Be, 18 et 27 nœuds, Neptune, pas en reste, nous exhibe une houle du plus bel effet, 4-6 m avec de la dentelle blanche par-dessus. Pour voir le spectacle faut être assis au premier rang, cad, assis assez haut pour encore voir l’horizon dans les creux. Le ciel est bleu, magnifique soleil, nuages hauts, tous les acteurs sont en place. Reste la star, non pas Carlos, Petrushka.... ce matin elle a confié son sort au demi frère de Raymond, Régu... Lateur son nom de famille. Ce dernier est spécialisé pour toujours aller dans la direction du vent, avec cependant une finesse pour tromper Eole. De 30° à 70° d’angle, car juste dans l’axe du vent on ne peut pas chercher Eole et avancer. Imaginez un vélo dont le guidon serait bien de travers, mais vous devez rouler droit, avecun strabisme à la Grucho Marx, pas facile, essayer en famille ou devant les amis, c’est du grand art. Régu, plus souple, il intervient quand la mer et vent sont copains et fatiguent trop Raymond, une complicité de famille. Tout comme les artistes en scène, dimanche, je me rase, première fois depuis Isabella, blond avec une barbe blanche ça fait coloration ratée chez Dessange. La forme est bonne, je me prépare une belle omelette napée sur un toast à l’huile d’olive, je soigne mon allure filiforme...Carlos, comme une petite souris grignote son biscuit et boit sa camomille. Il évalue la situation.... un sourire à la Julio Iglésias.... en me regardant, il me dit : « sour yaprès yo ne fé plou de bato.... Pouffff....» je lui réponds, Carlos « ce que tu vis c’est formidable unique, en un mois tu auras fait plus de milles sur la mer que certains en une vie, c’est du temps gagné...pour vivre autre chose » A chaque grain, il se réfugie à l’intérieur et ressort encore plus vite dès la dernière goutte de pluie, quelle rapidité pour sortir.......et quelle envie de revoir la mer....
On va vraiment fort, avec 10 tours dans le génois on fait sous rafales des pointes à 7 nœuds, ce n’est plus la lisse mais le pont tribord qui est dans l’eau, mais grâce à cette vitesse et à Régu, Petrushka glisse en douceur, fend rapidement la houle, plonge et se redresse tout aussi vite, rien ne force dans le gréement, seul Régu est à l’ouvrage. 11h00, tiens une pensée à mon ami Marcel de Torgny, « un p’tit Canon, pour voir Marinette... ok mais avec ce temps tu enlèves tes bottes, c’est moi qui ai nettoyé... » Je prépare le lunch de midi, Choux vert râpé, carottes râpées , oignons râpés mais pas les tomates, elle en dés, en somme un plat « dés-raper » plus du riz et du tuna pour faire aquatique. Double portion pour mon Homme de la Mancha. Ce matin il a les dents d’un carnassier, souffrance ou appétit ? Il a tout mangé, car je le lui avais recommandé, on ne quitte pas la table avant d’avoir nettoyé son assiette. ? Dernier repas ???
Ensuite une bonne sieste, quand une heure plus tard je me réveille, Carlos s’est endormi au pied du Mât d’artimon il brûle ses calories... hélas Neptune l’espiègle, l’a vu du coin de l’œil, repéré, et il charge une de ses plus vaillante petites vagues d’aller le réveiller « une douche thalasothérapique, et ne manquent que quelques poissons volants en décoration... » réaction résignée devant le sort qui s’acharne sur lui : « maintenant ya né plou rien a me mette... » Après ce dernier acte, Eole et Neptune complices s’en vont faire la sieste et en une heure tout se calme autour de nous, l’océan redevient ce champ d’argent ondulant sous le soleil qui décline.
Au repas, toast épinards, riz sauté et un œuf soleil, la nuit tombe et déjà le vent revient lentement, j’espère qu il va nous laisser dormir quelques heures. Carlos a un gros ganglion sous le bras gauche. Un retour du mal dont il avait souffert avant son départ, à surveiller, douche et désinfection au déthol.
Position : 17°10.738 S – 95°.05.603 W GPS 10114 miles Cap 180° Sog: 4.5 > 6 noeuds
112 miles parcourus = 4.66 noeuds moteur : 4hrs car trop peu de vent hier après midi.
Mer : fort agitée, foule forte ¾ m , vagues dans tous les sens conséquences des grains permanents qui nous tournent autour. T° mer : 24.3° T° ext : 27°
Wind : Matin : Est - SE de 4>6 18>25 noeuds sous les grains
Après midi : toujours ESE 4>6 18>24 noeuds
Nuit : > 22h00 3/4 be ensuite > 6 Be 27 nœuds sous rafales des grains plein de pluie.
Depuis ce matin 4h00, c’est la fête puisque c’est dimanche. Eole et Neptune ont sorti leurs plus beaux atours. Eole, comme une Folle, s’époumone, entre 5 et 6 Be, 18 et 27 nœuds, Neptune, pas en reste, nous exhibe une houle du plus bel effet, 4-6 m avec de la dentelle blanche par-dessus. Pour voir le spectacle faut être assis au premier rang, cad, assis assez haut pour encore voir l’horizon dans les creux. Le ciel est bleu, magnifique soleil, nuages hauts, tous les acteurs sont en place. Reste la star, non pas Carlos, Petrushka.... ce matin elle a confié son sort au demi frère de Raymond, Régu... Lateur son nom de famille. Ce dernier est spécialisé pour toujours aller dans la direction du vent, avec cependant une finesse pour tromper Eole. De 30° à 70° d’angle, car juste dans l’axe du vent on ne peut pas chercher Eole et avancer. Imaginez un vélo dont le guidon serait bien de travers, mais vous devez rouler droit, avecun strabisme à la Grucho Marx, pas facile, essayer en famille ou devant les amis, c’est du grand art. Régu, plus souple, il intervient quand la mer et vent sont copains et fatiguent trop Raymond, une complicité de famille. Tout comme les artistes en scène, dimanche, je me rase, première fois depuis Isabella, blond avec une barbe blanche ça fait coloration ratée chez Dessange. La forme est bonne, je me prépare une belle omelette napée sur un toast à l’huile d’olive, je soigne mon allure filiforme...Carlos, comme une petite souris grignote son biscuit et boit sa camomille. Il évalue la situation.... un sourire à la Julio Iglésias.... en me regardant, il me dit : « sour yaprès yo ne fé plou de bato.... Pouffff....» je lui réponds, Carlos « ce que tu vis c’est formidable unique, en un mois tu auras fait plus de milles sur la mer que certains en une vie, c’est du temps gagné...pour vivre autre chose » A chaque grain, il se réfugie à l’intérieur et ressort encore plus vite dès la dernière goutte de pluie, quelle rapidité pour sortir.......et quelle envie de revoir la mer....
On va vraiment fort, avec 10 tours dans le génois on fait sous rafales des pointes à 7 nœuds, ce n’est plus la lisse mais le pont tribord qui est dans l’eau, mais grâce à cette vitesse et à Régu, Petrushka glisse en douceur, fend rapidement la houle, plonge et se redresse tout aussi vite, rien ne force dans le gréement, seul Régu est à l’ouvrage. 11h00, tiens une pensée à mon ami Marcel de Torgny, « un p’tit Canon, pour voir Marinette... ok mais avec ce temps tu enlèves tes bottes, c’est moi qui ai nettoyé... » Je prépare le lunch de midi, Choux vert râpé, carottes râpées , oignons râpés mais pas les tomates, elle en dés, en somme un plat « dés-raper » plus du riz et du tuna pour faire aquatique. Double portion pour mon Homme de la Mancha. Ce matin il a les dents d’un carnassier, souffrance ou appétit ? Il a tout mangé, car je le lui avais recommandé, on ne quitte pas la table avant d’avoir nettoyé son assiette. ? Dernier repas ???
Ensuite une bonne sieste, quand une heure plus tard je me réveille, Carlos s’est endormi au pied du Mât d’artimon il brûle ses calories... hélas Neptune l’espiègle, l’a vu du coin de l’œil, repéré, et il charge une de ses plus vaillante petites vagues d’aller le réveiller « une douche thalasothérapique, et ne manquent que quelques poissons volants en décoration... » réaction résignée devant le sort qui s’acharne sur lui : « maintenant ya né plou rien a me mette... » Après ce dernier acte, Eole et Neptune complices s’en vont faire la sieste et en une heure tout se calme autour de nous, l’océan redevient ce champ d’argent ondulant sous le soleil qui décline.
Au repas, toast épinards, riz sauté et un œuf soleil, la nuit tombe et déjà le vent revient lentement, j’espère qu il va nous laisser dormir quelques heures. Carlos a un gros ganglion sous le bras gauche. Un retour du mal dont il avait souffert avant son départ, à surveiller, douche et désinfection au déthol.
Lundi 19 Mars (12ème jour)
Position : 18°.40.109 S – 96°.06.603W GPS : 10.230 miles Cap : 190° Sog : 4.5>6 noeuds
116 miles parcourus = 4.83 noeuds moteur : 4hr recharge batteries et désal.
Mer : Houle forte et longue, mer agitée toujours ces petites vagues déferlantes dans tous les sens.
T° mer : 24.3° T° ext : 26°
Wind : Matin : ESE 4/5 be 16>22 nœuds sa force varie sans arret
Après Midi : SE 4/5 Houle forte et longue moins de vagues
Nuit : Une Saloperie d’Eole SE 3>7 be instable et imprévisible
Pas de répit avec le Pacifique, le combat continue, une nuit d’embuscades sournoises, depuis 23h00, sans arrêt bondir de ma tranchée, réduire sous un assaut du vent, le terrain devient de plus en plus miné, la mer se creuse, assaut repoussé je renvoie de la toile, je recharge les armes, je sommeille d’un œil, l’ennemi n’est pas loin, pas discret il arrive dans un roulement de tambour à la hussarde, taïau taïau, cette fois il a failli m’avoir avec une rafale gros calibre 30 nœuds, je décroche prudemment dans l’Ouest, étendard en berne, mais l’homme est touché aux côtes, une vieille blessure « un combat d’amour ... avec ma belle Doudou » ainsi je pense encore plus fort à elle.
L’ennemi essaie de nous masquer la vue sous des trombes d’eau glacée 19° seulement, trop avancé l’ennemi manque de logistique, il recule et à 5h00, lâchement à la clarté du jour il se cache dans les gros nuages noirs. Encore une nuit de résistance, je dors enfin 2h d’affilée jusqu'à 7h00 : le PC AZZAR essaie de me contacter, contact radio brouillé, on est de plus en plus isolés dans ce désert de milliers de kilomètres, faut pas compter sur des renforts. C’était le récit de ...« La Folle du Régiment, la préférée du Capitaine ».....
Et avec ça il faut garder le moral et un peu d’humour, mais ça fatigue du près avec une mer et un vent stables ok, mais ici en quelques minutes cela change avec une rapidité foudroyante, tu dors dans ta bannette moyennement inclinée ... comme c’est confortable ! La minute suivante tes fesses sont sur la cloison des équipets , la bannette sous toi et t’essaies de regagner en urgence le cockpit pour réduire et parer les rafales du grain et l’état de la mer. La journée tu vois venir et tu esquives le coup, mais la nuit, c’est à l’aveugle, lampe frontale comme un cyclope, sauter sur les deux winch, écoute de génois et drosse enrouleur, abattre sous pilote pour soulager la pression sur les voiles, tout cela doit aller très vite car la gîte est maxi, matos à la limite, pas le temps se s’attacher, heureusement le cockpit est petit et tout est sous la main, mais faut bien se tenir et connaître par cœur les points auxquels se raccrocher dans un réflexe, car le monstre bleu écumant de bave blanche te guette pour t’engloutir. En plus, pas le temps de se couvrir, à moitié nu, mais ainsi on est réveillé et lucide, Tabarly, le Maître ...sautait à poil dans ses bottes..... Une pensée pour Lui.
Belle journée, le ciel est bleu avec beaucoup de beaux nuages blancs, les noirs sont épuisés de leur nuit, le vent SE souffle régulièrement, l’océan est fabuleusement beau sous un soleil éclatant, l’air est frais. Je me repose beaucoup, couché dans ma bannette, j’écoute de la musique, je lis différents livres, j’attaque ceux de Ma Doudou, sont beaucoup plus érotiques que mes livres de mer, ça me fait du bien, du moins je crois...... Mon Hidalgo végète entre contemplation et abnégation, son horrible MP3 sur les oreilles (objet à bannir sur un voilier, car c’est « cause toujours, tu m’intéresses ... ». Il a mangé son petit œuf cuit dur ce matin et ses deux biscuits, à midi sa salade, il m’a fait rire au réveil en me déclarant « ya mo retou, yama mé achété oun toro sur ressorts hihihihi.... » Il s’intéresse beaucoup à la distance qui reste à faire, mais un peu déçu car avec notre écart de route dans l’Ouest la distance à l’arrivée augmente de près de 400 miles.
Je trie une nouvelle fois fruits et légumes et fais sécher le tout au soleil dans le cockpit, à l’abri des embruns, ensuite j’essaye de conserver l’intérieur dans un état correct de propreté, pas facile dans ces conditions de gîte, par moment je suis à la table à carte les pieds appuyés sur la face avant pour rédiger ce récit (de longues heures) mes genoux bloqués contre la table, le bas des fesses poussent sur le coffre moteur, mes coudes bloqués sur le bord de la table, mes deux mains sont libres pour pianoter, et sur un coup de roulis, le doigt reste sur la touche et ça fait une ligne de iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiou de ooooooooooooooo et je dois corriger mon texte sinon si je multiplie ainsi toutes les lettres, c’est plus un récit mais une encyclopédie.
On est en face du Nord du Chili, mais 1300 Km au large en plein océan et avec cette mer confuse de SE il m’est impossible de serrer plus fort le vent petit à petit je m’éloigne du continent. Je suis encore toujours en dedans du parcours proposé par les Pilots Charts et le Cornell, mais c’est un peu flippant de s’éloigner si loin dans l’océan, en cas de « merde » on serait mal . Encore 5 à 6 jours et je devrais toucher lentement les vents de SO et changer de bord, il faut que je connaisse la position de l’anticyclone Pacifique Sud normalement centré sur la Lat 30° parfois + haut ou + bas et comme il tourne dans le sens contraire des aiguilles d’une montre il nous donnera des vents de SO et alors droit sur la côte chilienne. Sail Mail dispose de données mais c’est un fax trop long a capter, Claude essaie de son côté et avec son Tél Irridium il peut demander l’info au Canada.
16h00, l’infection sous l’aisselle du bras gauche de Carlos est vraiment grosse maintenant cela le fait souffrir, un élancement permanent qui n’arrange pas son état général, pas bonne mine, le pauvre !
Pour repas , pâtes fromage à la crème, succulent. Ensuite le reste d’oignon sous l’aisselle à Carlos pour faire mûrir le furoncle, mais moi j’aurais utilisé de la poudre pour faire tout péter.
21h00 contact SailMail pour recevoir mes e-mail et grip météo, ok nouvelles sont bonnes Chouchou garde le moral malgré cette longue séparation pénible pour nous deux.
Je me couche et à peine une heure après, le show commence, c’est pas possible, c’est toute les nuits ...
Eole joue dans le raffinement, ouvre les vannes = entre 20 et 25 nœuds plusieurs pointes à 28 nœuds ensuite, il ferme le Robinet = 8 à 10 nœuds... du délire, un temps on fonce à 7 nœuds, comme des malades, pont dans l’eau, faut abattre et rouler le génois, ensuite on bouchonne à 2.8 nœuds « là on est malade » je renvoie de la voile pour reprendre vitesse et cap, tout cela en permanence de 20 à 30 minutes, parfois moins, la mer ne joue pas avec, heureusement, elle reste moyenne, se moque des sautes d’humeur d’Eole.
Je suis dans le cockpit en permanence, lassé de sortir en précipitation de ma bannette. En plus il fait froid et il bruine et j’ai pas encore sous la main les vêtements « mer du Nord », mais merci elle m’a bien appris et je vais tenir jusqu’à demain dans ces conditions pénibles.
SVP : c était AVANT la nuit....... pas fait de photo APRES..... ?
Mardi 20 Mars (13ème jour)
Position : 20°.20.290. S 97°.07.967 W GPS : 10344 Cap : 190° Sog : 4.5>6 noeuds
114 miles parcourus = 4.75 noeuds moteur : 3h00 charge batteries nuit pour pilote très sollicité
Mer : Matin : houle longue, peu de vagues , très belle
T° mer : 23.5° T° ext : 29°
Wind : Matin : ESE 3>5 Be 12 à 21 nœuds
Après Midi : idem
Nuit : 19H cela se gatte déjà... 22h00 gale 6/7 Be 37 nœuds de vent Houle 4/6m
Ciel: bleu avec des nuages très haut Ciro Cumulus et un peu d’Alto Cumulus en fin de matinée .
Il est 13h00, et je peux reprendre en direct la rédaction de mon journal de la dernière nuit.
Je me suis couché à 03h00, crevé et las de lutter, j’ai largué en grand et fait de l’Ouest, j’étais dans le rouge, froid et mouillé et je commençais à avoir simplement peur pour nous et Petrushka « alarme » fatigue, ne suis plus lucide, je vais me coucher et confie mon repos à Petrushka qui lui aussi aspire au calme et vive le largue presque à plat, le roulis maintenant va me bercer jusqu'à 07h00.
Le génois fasseye, quel beau réveil, toujours couché je regarde en face de moi l’ouverture de la descente, un carré de ciel bleu, à ma portée, la télécommande du pilote : 10 nœuds ESE, ok.... hardi mon gars faut renvoyer de la toile et gagner du cap au Sud Est. On va à nouveau s’amuser ensemble avec Petrushka.
Cap 175°/185°- wind 12>20 nœuds, mais mer calme « le mardi elle fait son shopping... plus rien à se mettre.... normal elle change de fringues sans arrêt, elle est pas à courtiser la belle, beaucoup trop chère... » Petrushka s’ébroue comme un chien mouillé, déjà il a envie de déguster au vol quelques anchois et l’on repart sur un super cap au près serré, le pont tribord reçoit les caresses bleutées de la mer, gîte un maximum à tribord.... à l intérieur c’est Walibi....
Je me fais un café, contact BLU avec Claude après 24h de black out, lui aussi cherche à savoir la position de l’anticyclone, il se rapproche très vite de moi en Longitude, les conditions de vent et mer ne lui permettent plus de faire autant d’Est. Carlos se lève, drôle de tête, « qyéé nuuiiiit, pa pozzbiléé »
Ok cette fois je trouve que c’est un peu fort, je dis rien mais depuis hier il a +/- dormi 12h00 sans soucis.... J’attends que le vent se calme avant de faire le déjeuner. Il est 10h30, super Brunch, omelette, haricots sauce tomate, oignons, tomates fraîches et pain beurré. Cela fait du bien, Carlos me parle de l’Ile de Pâques, combien de miles etc... ok, je le vois venir. Comme chaque jour, le matin je lui ai fait le point de la navigation, miles parcourus, cap, options vent ... distance au but, hier nous étions pratiquement dans de bonnes conditions de vent et mer pour aller à l’île de Pâques, +/- 6 jours, le double pour Robinson, il a dû en rêver.....
Ensuite je veux faire un peu d’eau et constate que le désal ne produit plus d’eau douce, près de 3 heures de travail, tout démonter, nettoyer, je prie pour que cela remarche, notre stock d’eau à bord : 250 litres eau douce : 16 jours /2 = 7.8 l par personne, j’en informe Carlos, dubitatif il me répond : « ya va yallé youska Ile de Pasca » non jusqu'à Robinson y a encore 16jours, donc on fait gaffe, j’ai pas vraiment envie d’aller à l’île de Pâques, c’est 2000 miles en plus pour rejoindre ensuite le Chili et suis quasi sûr qu’il me quitte à l’Ile de Pâques. Je fais une bonne sieste d une heure ensuite la vaisselle et essai du désal, il produit de l’eau douce mais faible quantité, nous sommes sauvés, on peut faire le Tour du Monde. Ce soir fatigué, ce sera pain beurré, fromage, jambon et compote et au dodo très tôt, l’horizon est déjà bien noir. Pas dormi plus de une heure, que déjà le festival de grains recommence.
Mercredi 21 Mars (14ème jour)
(rédigé le lendemain pour cause de tempête)
Position : 21°.36.854. S – 8°.00.388 W GPS : 10442 Cap : 180° Sog : 4.5>5.5 noeuds
98 miles parcourus = 4.08 noeuds moteur : 3hOO recharge batteries et désal
Mer : avant 09h00 forte, Houle très haute et courte + grosses déferlantes.
Wind : Avant 9h00 gale 6/7 Be rafales terribles à 37 nœuds
Après Midi :proggressivement de 4>5.5 Be
Ciel : <9h00>9h00 ciel bleu sans nuages, superbe.
Ma première tempête du Pacifique, ça a été chaud, même très chaud : dès 22h00 il était évident que ce n’était plus des grains mais un Gale. En permanence entre 15 et 30 nœuds avec des rafales > 37noeuds d’une soudaineté et violence pas possible juste après un calme relatif et inquiétant. Roulé complètement le génois, seuls trinquette, suédoise et artimon et encore une vitesse 6 nœuds, mais le pire c’est la mer, la hauteur de houle 6/8 m avec grosses déferlantes. Pris la barre toute la nuit, impossible de rester sous pilote il fallait sentir venir les rafales de vent, les déferlantes ,abattre en même temps que la houle de SE, j’avoue que j’ai eu peur par moment, pour Petrushka couché le pont tribord sous l’eau, ne régissant pas assez vite par manque de vitesse à cause du calme précédent. Cela se passe ainsi : un calme de 10 >15 minutes avec 12/15 nœuds, on perd de la vitesse car sous toilé et immédiatement après une montée en puissance du vent avec des rafales de plus en plus fortes . Avec son inertie et les coups de houle qui bloquent Petrushka, il faut quelques minutes pour relancer et fuir en abattant cap 250°. Pendant ces minutes d’attente, c’est la peur pour moi et le bateau, debout à la barre, incliné à mort, proche de l’océan, ensuite on prend de la vitesse, on se redresse, on file plein tube, on plonge l’étrave , le bateau se dresse et là... faut faire gaffe de ne pas se retrouver à contre du vent au sommet de la déferlante. Tu n’as plus le temps de penser, seulement te défendre, la nuit on ne voit rien, on devine, on se prépare à encaisser la suivante et encore la suivante vite on profite d’un petit calme, une autre bouteille de jus d’orange, quelques pâtes de fruit, remonter en catastrophe, je fixe mes deux Life-Line et ça recommence, le temps n’a plus de mesure, on espère l’aube pour se battre à découvert. 03h00 du matin pas encore fermé l œil, ce serait d’ailleurs impossible tant la mer est terrible, que cherche t- elle ? Me faire payer mon passage du Pacifique ?
05h00, les calmes sont un peu plus longs, je descends, « vite à poil » vêtements secs, tiens Carlos est toujours là !!!! Besoin faire pipi, impossible en bas, ok dans le cockpit, les embruns comme chasse, c’est facile !
06h00, je me fais vite un café, j’ai froid malgré mon polaire Musto, eh oui même sous les tropiques.
07h00, il fait clair, je renvoie plus de génois mais l’horizon est un mur gris noir c’est pas fini, mais maintenant on voit venir, c’est déjà plus rassurant. Toujours 6>8 Be la mer est énorme, ces déferlantes.... quelle grandeur.... et quel bruit.....horreur et beauté, « La Belle et la Bête » Cocteau & Jean Marais même dans ces conditions il me reste un peu de culture mais ...bizarre d’aimer ce qui fait souffrir et peur.....
Jusqu’a 12h00 toujours même tempo, mais de jour c’est plus supportable pour le cœur, seul le corps encaisse très durement, j’ai mal partout, une crampe de fatigue et d’usure de haut en bas du corps, dur dur...
Carlos est debout, je le croyais mort, j’ai évité ainsi des formalités... ouf
Cochon, cette nuit il m’a mis un souk dans la toilette, pas fait fonctionner la chasse et tout a débordé, suis vraiment pas content d’autant que en se levant il ne m’a rien dit... allez, à coup de seaux d’eau de mer et un demi flacon d’eau de javel. Je lui passe un savon et le menace d’utiliser dorénavant un seau à l’extérieur ou le balcon arrière.... Il est tellement amorphe que j’ai l impression de parler à un Trou de Balle...
La journée sera superbe, ciel bleu, peu de nuages, le vent va augmenter progressivement jusqu'à 16h, la mer se calme et on va vite sur un bon cap de 185° « Pâques tu ne m’as pas encore pris dans tes bras ». Mais Je suis fatigué, je reste de longs moments dans ma bannette, sans rien faire, m’endors 5 minutes, me réveille sur un coup de roulis, les sens en éveil permanent, tension au maximum, je pense à rien et à tout à la fois, à Chouchou, à mes enfants, au passé, à ma vie, j’ai un peu dur pour l’instant.
Est-ce toutes ces désillusions professionnelles, ces conflits relationnels avec mes proches qui me poussent toujours à me lancer dans des challenges pas possibles, qui ensuite me foutent la trouille au ventre mais qu’il me faut gagner, c’est pas le premier ni le dernier, je suis un vrai cas psycho médical, je vais faire don de mon petit cerveau malade à la science.... Mais j’aime cette vie d’aventure, d’incertitudes auxquelles il me faut faire face, pas un fleuve tranquille, un torrent d’émotions, de peurs, de bonheur extrême, eh oui, j’aime ?
Eh si on parlait encore de mon passager, presque clandestin il va pas bien avec son énorme furoncle sous l’aisselle gauche et son apathie maritime, mais il mange toujours, moins certes, mais réclame sa pitance.
Je prépare sans grande passion des pommes de terre, un bocal de viande de ma préparation bourguignonne et macédoine petits légumes. J’utilise la casserole à pression, j’y mets le bocal de viande, le bocal de légumes, faut allumer le gaz !!! en 15minutes tout est chaud et pas de vaisselle, les conserves en bocal c’est le pied et l’étiquette du bocal peut servir à décorer l’assiette.......
Carlos pas bien, moi fatigué, je roule le solent pour la nuit, réduit le génois on n’avancera pas vite mais espérons dormir. Hélas, il sera dit que les nuits sous les tropiques c’est toujours salsa, des 22h00 c’est un vent instable, de 12>24 nœuds qui nous prend, la houle est forte et de belles déferlantes, avec peu de vitesse, Petrushka pivote au sommet de la houle, tourne comme sur un axe, et le pilote déclenche, toute la nuit sans répit, je dors par petits morceau, parfois j’entends même pas l’alarme du pilote et c’est le bateau à contre, moi à l’envers dans ma bannette, qui réalise et bondit dehors pour remettre Petrushka sur le cap, je renvoie un peu de génois, c’est alors la course folle sous les rafales avec la proue qui enfourne la houle. Pour soulager j’abats, le cap n’est pas bon, on va droit sur l’île de Pâque.
Claude est au 280 ° il abat pour la nuit, il revient droit sur moi, fatigué aussi par ces conditions de vent et de mer. La nuit me permet de réfléchir à la situation, Carlos souffre beaucoup de l’abcès sous le bras, bourré d’antibiotiques, cela ne va pas mieux, il est au bout du rouleau, la voile, la mer c’est pas son truc, serait cruel de prolonger le martyre. Comme les conditions de vent, de mer, ne me permettent pas de joindre Robinson Crusoé ou le Chili, sans infos précises sur la position de l’Anticyclone Sud, jusqu’à quelle Lat Sud devrons nous descendre pour toucher des vents de SO, la distance sera alors aussi longue +- 1500 miles pour repartir vers le continent et sans escale, donc encore +- 3semaines de mer, c’est trop vu la situation à bord. Claude a fait la même analyse, nous sommes d’accord pour rallier Isla Pasqua qui est à 650 miles dans notre Ouest pour de là repartir vers le Chili, avec on espère, l’appui de l’anticyclone : il ne faut pas hésiter, cap sur l’Ile de Pâques et ses statues géantes.
Photo pour faire semblant que j’ai conduit non stop le Cargo...................
Position : 21°.36.854. S – 8°.00.388 W GPS : 10442 Cap : 180° Sog : 4.5>5.5 noeuds
98 miles parcourus = 4.08 noeuds moteur : 3hOO recharge batteries et désal
Mer : avant 09h00 forte, Houle très haute et courte + grosses déferlantes.
Wind : Avant 9h00 gale 6/7 Be rafales terribles à 37 nœuds
Après Midi :proggressivement de 4>5.5 Be
Ciel : <9h00>9h00 ciel bleu sans nuages, superbe.
Ma première tempête du Pacifique, ça a été chaud, même très chaud : dès 22h00 il était évident que ce n’était plus des grains mais un Gale. En permanence entre 15 et 30 nœuds avec des rafales > 37noeuds d’une soudaineté et violence pas possible juste après un calme relatif et inquiétant. Roulé complètement le génois, seuls trinquette, suédoise et artimon et encore une vitesse 6 nœuds, mais le pire c’est la mer, la hauteur de houle 6/8 m avec grosses déferlantes. Pris la barre toute la nuit, impossible de rester sous pilote il fallait sentir venir les rafales de vent, les déferlantes ,abattre en même temps que la houle de SE, j’avoue que j’ai eu peur par moment, pour Petrushka couché le pont tribord sous l’eau, ne régissant pas assez vite par manque de vitesse à cause du calme précédent. Cela se passe ainsi : un calme de 10 >15 minutes avec 12/15 nœuds, on perd de la vitesse car sous toilé et immédiatement après une montée en puissance du vent avec des rafales de plus en plus fortes . Avec son inertie et les coups de houle qui bloquent Petrushka, il faut quelques minutes pour relancer et fuir en abattant cap 250°. Pendant ces minutes d’attente, c’est la peur pour moi et le bateau, debout à la barre, incliné à mort, proche de l’océan, ensuite on prend de la vitesse, on se redresse, on file plein tube, on plonge l’étrave , le bateau se dresse et là... faut faire gaffe de ne pas se retrouver à contre du vent au sommet de la déferlante. Tu n’as plus le temps de penser, seulement te défendre, la nuit on ne voit rien, on devine, on se prépare à encaisser la suivante et encore la suivante vite on profite d’un petit calme, une autre bouteille de jus d’orange, quelques pâtes de fruit, remonter en catastrophe, je fixe mes deux Life-Line et ça recommence, le temps n’a plus de mesure, on espère l’aube pour se battre à découvert. 03h00 du matin pas encore fermé l œil, ce serait d’ailleurs impossible tant la mer est terrible, que cherche t- elle ? Me faire payer mon passage du Pacifique ?
05h00, les calmes sont un peu plus longs, je descends, « vite à poil » vêtements secs, tiens Carlos est toujours là !!!! Besoin faire pipi, impossible en bas, ok dans le cockpit, les embruns comme chasse, c’est facile !
06h00, je me fais vite un café, j’ai froid malgré mon polaire Musto, eh oui même sous les tropiques.
07h00, il fait clair, je renvoie plus de génois mais l’horizon est un mur gris noir c’est pas fini, mais maintenant on voit venir, c’est déjà plus rassurant. Toujours 6>8 Be la mer est énorme, ces déferlantes.... quelle grandeur.... et quel bruit.....horreur et beauté, « La Belle et la Bête » Cocteau & Jean Marais même dans ces conditions il me reste un peu de culture mais ...bizarre d’aimer ce qui fait souffrir et peur.....
Jusqu’a 12h00 toujours même tempo, mais de jour c’est plus supportable pour le cœur, seul le corps encaisse très durement, j’ai mal partout, une crampe de fatigue et d’usure de haut en bas du corps, dur dur...
Carlos est debout, je le croyais mort, j’ai évité ainsi des formalités... ouf
Cochon, cette nuit il m’a mis un souk dans la toilette, pas fait fonctionner la chasse et tout a débordé, suis vraiment pas content d’autant que en se levant il ne m’a rien dit... allez, à coup de seaux d’eau de mer et un demi flacon d’eau de javel. Je lui passe un savon et le menace d’utiliser dorénavant un seau à l’extérieur ou le balcon arrière.... Il est tellement amorphe que j’ai l impression de parler à un Trou de Balle...
La journée sera superbe, ciel bleu, peu de nuages, le vent va augmenter progressivement jusqu'à 16h, la mer se calme et on va vite sur un bon cap de 185° « Pâques tu ne m’as pas encore pris dans tes bras ». Mais Je suis fatigué, je reste de longs moments dans ma bannette, sans rien faire, m’endors 5 minutes, me réveille sur un coup de roulis, les sens en éveil permanent, tension au maximum, je pense à rien et à tout à la fois, à Chouchou, à mes enfants, au passé, à ma vie, j’ai un peu dur pour l’instant.
Est-ce toutes ces désillusions professionnelles, ces conflits relationnels avec mes proches qui me poussent toujours à me lancer dans des challenges pas possibles, qui ensuite me foutent la trouille au ventre mais qu’il me faut gagner, c’est pas le premier ni le dernier, je suis un vrai cas psycho médical, je vais faire don de mon petit cerveau malade à la science.... Mais j’aime cette vie d’aventure, d’incertitudes auxquelles il me faut faire face, pas un fleuve tranquille, un torrent d’émotions, de peurs, de bonheur extrême, eh oui, j’aime ?
Eh si on parlait encore de mon passager, presque clandestin il va pas bien avec son énorme furoncle sous l’aisselle gauche et son apathie maritime, mais il mange toujours, moins certes, mais réclame sa pitance.
Je prépare sans grande passion des pommes de terre, un bocal de viande de ma préparation bourguignonne et macédoine petits légumes. J’utilise la casserole à pression, j’y mets le bocal de viande, le bocal de légumes, faut allumer le gaz !!! en 15minutes tout est chaud et pas de vaisselle, les conserves en bocal c’est le pied et l’étiquette du bocal peut servir à décorer l’assiette.......
Carlos pas bien, moi fatigué, je roule le solent pour la nuit, réduit le génois on n’avancera pas vite mais espérons dormir. Hélas, il sera dit que les nuits sous les tropiques c’est toujours salsa, des 22h00 c’est un vent instable, de 12>24 nœuds qui nous prend, la houle est forte et de belles déferlantes, avec peu de vitesse, Petrushka pivote au sommet de la houle, tourne comme sur un axe, et le pilote déclenche, toute la nuit sans répit, je dors par petits morceau, parfois j’entends même pas l’alarme du pilote et c’est le bateau à contre, moi à l’envers dans ma bannette, qui réalise et bondit dehors pour remettre Petrushka sur le cap, je renvoie un peu de génois, c’est alors la course folle sous les rafales avec la proue qui enfourne la houle. Pour soulager j’abats, le cap n’est pas bon, on va droit sur l’île de Pâque.
Claude est au 280 ° il abat pour la nuit, il revient droit sur moi, fatigué aussi par ces conditions de vent et de mer. La nuit me permet de réfléchir à la situation, Carlos souffre beaucoup de l’abcès sous le bras, bourré d’antibiotiques, cela ne va pas mieux, il est au bout du rouleau, la voile, la mer c’est pas son truc, serait cruel de prolonger le martyre. Comme les conditions de vent, de mer, ne me permettent pas de joindre Robinson Crusoé ou le Chili, sans infos précises sur la position de l’Anticyclone Sud, jusqu’à quelle Lat Sud devrons nous descendre pour toucher des vents de SO, la distance sera alors aussi longue +- 1500 miles pour repartir vers le continent et sans escale, donc encore +- 3semaines de mer, c’est trop vu la situation à bord. Claude a fait la même analyse, nous sommes d’accord pour rallier Isla Pasqua qui est à 650 miles dans notre Ouest pour de là repartir vers le Chili, avec on espère, l’appui de l’anticyclone : il ne faut pas hésiter, cap sur l’Ile de Pâques et ses statues géantes.
Photo pour faire semblant que j’ai conduit non stop le Cargo...................
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