vendredi 4 janvier 2008

Fin decembre 2007, Canaux de Patagonie

De Punta Arenas à Ushuaia avec "ERRANCE".

Le 17 décembre, nous rejoignons notre ami Robert à Punta Arenas, après un voyage en bus de plus de 30 heures au départ de Valdivia. Le voyage s'effectue essentiellement en Argentine, près de la facade atlantique, faute de route dans le dédale de la Patagonie chilienne. Après les premières centaines de km dans des paysages de montagnes verdoyantes, avec des champs de lupins et de genêts en fleurs, ce n'est plus que de la pampa désolée.
Robert est arrivé le 15 décembre à PA avec son voilier "Errance", côtre en aluminium de 14 mètres. Nous projetons de descendre avec lui vers Ushuaia au travers des canaux de Patagonie, puis de là, de pousser jusqu'en Antarctique. Nous serons 4 à bord. Paul, jeune Francais de 23 ans, complète l'équipage.
Apres un avitaillement pour 10 jours et les formalités accomplies auprès de la Capitainerie et de l'Immigration, nous quittons Punta Arenas le 20 decembre, sous une pluie fine.

Nous découvrons les canaux de Patagonie dont nous rêvons depuis si longtemps, ses jolies caletas tranquilles (ou pas...) situées au milieu de la verdure ou parfois aux pieds de glaciers magnifiques, les cordillères aux sommets enneigés, la pluie froide, les vents changeants et parfois violents (les williwaws), les ciels nuageux voire couverts à carrement plombés, les lumières et les couleurs de ce bout du monde, dégradés de gris et de bleus pour le ciel et l'eau, de noir pour les rochers de granit, et un peu de vert pour la courte végétation qui survit ici, les mousses et lichens, et les petits arbres courbés, torturés par les vents.





Les nuits sont courtes (il fait jour jusque 23H et le soleil se lève déjà vers 4H30) et les températures fraîches. Enfin c'est surtout l'humidité qui est pénible, et heureusement que le chauffage à fuel du bord fonctionne bien. Nous l'allumons le soir au mouillage, il nous réchauffe et permet de sêcher bottes et cirés trempés.
On veille à se faire plaisir avec la nourriture, on se prépare le soir de bons repas copieux et chauds. A midi aussi, on a besoin de se requinquer avec une soupe ou quelque chose de chaud.
Chaque soir on jette l'ancre dans une caleta (baie), aussi abritée que possible. Les vents de NO sont dominants, mais ils sont très variables et les williwaws atteignent parfois les 50 noeuds et plus. Les williwaws sont des rafales soudaines et violentes causées par le contact de la terre froide, glacée, et qui, des sommets, déboulent en chute libre dans les creux tels que les caletas.

Le quatrieme jour, le mauvais temps nous contraint à renoncer à deux mouillages successifs, trop périlleux et trop exigus en raison des raffales de vent. Ce jour-la, nous faisons demi-tour et nous regagnons, apres 60 miles de navigation, la Caleta de Puerto King que nous avions quittée le matin même. Nous devons y rester 2 jours entiers encore car la meteo est mauvaise. Rien ne sert de lutter contre un fort vent de face. Nous passons le Réveillon de Noel à Puerto King. Nous ouvrons une bouteille de champagne argentin que nous avons amenée pour cette occasion. On la met au frais dans l'eau, accrochée avec un bout. Christian nous fait un bon petit repas avec ce qu'il trouve a bord. Delicieux!

On met ces 2 jours d'escale forcée à profit pour bricoler, recoudre le pavillon et le taud, examiner le matos de bord, faire du pain. Et aussi on met l'annexe a l'eau et Christian, Paul et moi partons faire une petite excursion à terre. Ca fait du bien de se dérouiller les pattes ! Le terrain est plutot accidenté, la terre est saturée d'eau, le sol est spongieux, plein de mousses et de zones marécageuses.

Une des plus belles étapes nous menera au bout du fjord "de las 1000 cascadas", aux pieds d'un superbe glacier suspendu au bord de l'eau. Un mouillage de rêve, ou l'on accède après environ un mile au fond d'un long canyon sinueux. Des hautes parois de granit noir dégoulinent des centaines de cascades et petits torrents. C'est absolument magnifique. Nous sommes sous le charme.
Le 29 decembre donc, nous arrivons à Ushuaia. Dix jours de navigation sans voir âme qui vive, sinon la faune locale: cormarans, pétrels, pingouins et phoques. Nous avons aperçu aussi deux baleines. L'arrivée se fait sous le soleil, il fait même chaud et nous nous mettons un moment en tee-shirt pour manger un petit casse croute sur le pont, en vue d'Ushuaia.
Nous nous amarrons au ponton, à couple de "Balena", un bateau suisse. Il y a pas mal de bateaux au ponton (une vingtaine) et d'autres encore sont au corps mort.
Nous sommes assez fatigués, même si les conditions de navigation ont été plutôt bonnes. Le froid et le grand air, ça fatigue !

Nous passons environ une semaine à Ushuaia, la ville la plus australe du monde (il semble que Puerto Wiliams, au Chili, un peu plus au sud encore, n'ait pas le statut de ville. C'est en fait essentiellement une base militaire). Nous mettons cette période à profit pour faire les formalites (nous sommes à nouveau en Argentine), quelques bricolages et aménagements au bateau, quelques courses et surtout faire un tres gros avitaillement car nous prévoyons 8 semaines d'autonomie. C'est du boulot de faire les listes de tout le necessaire, faire de la place à bord, et tout ranger de la manière la plus rationnelle possible.
Aujourd'hui, vendredi 4 janvier, nous sommes quasi prêts. J'ai quartier libre pour la journée, j'en profite pour alimenter un peu le blog, penser à mes derniers achats perso (il me faut principalement de bons gants imperméables, pour le reste, je crois que c'est bon), flâner un peu entre filles (c'est a dire moi et moi ... les copines, vous me manquez un peu...).
On pense partir dimanche si la météo est bonne. D'autres bateaux se préparent aussi pour le bond vers le continent glacé.
Les prochaines nouvelles seront pour notre retour, en principe deuxieme quinzaine de février.
D'ici la, bises à tous, portez-vous bien !

Vue de Ushuaia depuis la marina