lundi 1 octobre 2007

Janvier 2006 - la Martinique

Janvier 2006 - La Martinique



Ce 4 janvier, nous sommes depuis 2 jours ancrés dans la baie des Anses d’Arlet, sur la côte sud ouest de La Martinique, joli petit village de pêcheurs encore préservé et très pittoresque. Réveil tôt, vers 7H00, un peu après le lever du soleil. J’ai déjà ouvert les yeux vers 4h30, quand la houle se fait forte, avec la marée, que le bercement habituel des vagues se fait un peu plus violent. On se lève doucement, en prenant le temps de s’étirer, d’être sûrs de vouloir se lever. Puis c’est petit rangement car nous dormons dans le carré, c'est-à-dire l’espace central du bateau. C’est plus spacieux et plus agréable que la couchette avant, et ça nous permet de nous endormir, capot grand ouvert, avec vue directe sur la lune et les étoiles. Mais le matin, il faut ranger le lit et les coussins pour rendre notre « salle à manger » opérationnelle. Puis c’est petit plongeon rafraîchissant dans l’eau turquoise et cristalline. Petrushka (c’est le nom de notre bateau) mouille par environ 7 mètres de fond, à quelque 200 mètres de la plage de sable blanc. Cet endroit offre l’avantage de quelques rochers à une dizaine de mètres de la plage, où plein de petits poissons multicolores peuvent être admirés avec masque/ tuba et palmes. On y a passé une heure hier, sans relever la tête de l’aquarium. Après la baignade matinale, Christian prend le zodiac pour aller jusqu’au ponton acheter aux pêcheurs matinaux un beau morceau de thon pour notre repas du soir (d’ici quelques temps, on espère bien pouvoir manger le produit de notre propre pêche. Pour l’instant, notre technique n’est pas au point). Ensuite petit déjeuner au soleil dans le cockpit, et on décide de remettre la vaisselle à plus tard pour aller faire une petite randonnée jusqu’au village situé dans la baie voisine : Grande Anse d’Arlet.
Nous voilà donc repartis avec le zodiac vers le ponton, mais, première petite aventure du jour, un cordage a glissé et s’est pris dans l’hélice. Nous dérivons vers le large et malgré qu’on ait réussi à enlever le cordage, il faut remplacer la goupille d’hélice pour redémarrer. Nous prenons les rames et revenons sur le bateau en pagayant. Ca commence à devenir une habitude : il y a deux jours déjà, la manette de vitesse du zodiac a cassé, le soir en quittant le ponton, et nous avons depuis dû faire quelques allers retours sportifs, à la rame, avant que Christian n’arrive à bricoler un système qui nous permette de redémarrer le moteur (en marche avant exclusivement). Christian réussit à réparer aujourd’hui encore le moteur de l’annexe et nous repartons vers la terre pour cette randonnée, sur un sentier de rochers et de pierres volcaniques, qui grimpe dans la végétation tropicale pour nous mener au sommet sur une petite plaine où paissent quelques vaches autour d’une magnifique marre pleine de nénuphars. La descente est courte jusqu’à Grande Anse, autre village de pêcheurs bordé d’une longue plage de sable blond. Là beaucoup de bateaux sont ancrés. On en fait vite le tour, on prend un rafraîchissement et un léger casse croûte les pieds dans le sable, puis on refait le chemin en sens inverse, sous le soleil tapant.
On flâne un peu dans les quelques ruelles de Anses d’Arlet, on fait connaissance avec Athanase, le directeur, projectionniste et ouvreur du super petit cinéma du village, le seul du sud de La Martinique ! C’est un petit bâtiment en bois bleu décrépi, il y a environ 50 places, de vieux fauteuils de velours rouge tout râpé, le guichet ressemble à un théâtre de marionnettes, et Athanase, monsieur à l’âge respectable, nous apprend qu’il est fou de cinéma depuis l’âge de 7 ans. La salle ouvre 4 fois par semaine. Nous tâcherons de venir vendredi, voir « … chocolaterie » (le titre m’échappe) avec J. Deep.
Ensuite on retourne au bateau pour prendre nos deux gros jerricans de 20 et 30 litres et on va auprès des pêcheurs faire l’appoint d’eau douce. Ca nous servira pour se rincer (au moins le visage…) après nos baignades, pour rincer la vaisselle (qu’on fait à l’eau de mer) et cuisiner.
On profite aussi des douches publiques au bord de la plage (80 centimes, c’est démocratique, merci d’y avoir penser monsieur le Maire), c’est bon de se sentir déssalés pour quelques heures, et surtout de se laver les cheveux. Je rince aussi mon short rouge que je trimbale depuis plusieurs jours et qui est raide de sel.
C’est déjà presque le coucher de soleil quand on rentre au bateau. On ferait bien encore un petit plouf, mais puisque nous sommes propres et frais, nous nous en passerons pour ce soir. Il y a la vaisselle qui nous attend (c’est toute une technique, en économisant un maximum l’eau de rinçage !). Puis le réconfort avec un ti-punch, tout en pelant les carottes et la première igname de ma vie (racine qui ressemble à une grosse pomme de terre et qui, une fois cuit, a l’aspect du manioc, mais un goût moins âcre). Le repas, cuisiné par Christian comme d’habitude (il s’en sort tellement mieux que moi, sur terre comme sur mer…), est simple et nous l’apprécions tout particulièrement.La soirée s’écoule à rêvasser aux étoiles, à lire ou écrire un peu, en s’éclairant à la bougie, économie d’énergie oblige (notre éolienne et nos deux panneaux solaires ne nous rendent actuellement pas entièrement autonomes). Il reste 3 bateaux autour de nous dans la baie. La mer est argentée avec le clair de lune. Quelques poissons volants passent de temps en temps. La vue sur le village est particulièrement jolie de nuit, avec les illuminations de fin d’année. Extinction des feux au plus tard vers 21 heures. On s’endort avec une mer très calme ce soir, mais un fort roulis. Quelle chance nous avons de vivre cette aventure!



De longs préparatifs

C'est une longue histoire que celle de Petrushka...Christian avait repéré en 1991 ce beau bateau qui végétait à l'état de quasi épave dans un jardin humide du Luxembourg. Mike, son propriétaire, ne voulait pas le vendre. Mais face à l'intérêt et l'insistance de Christian, il a cédé. Petrushka a donc changé de jardin pour une dizaine d'années. Nous lui avons fait une place à Torgny, au milieu des moutons, et Christian a entrepris de le déshabiller patiemment. Mais ses compétences ont des limites et il a fallu se résoudre à le confier à des mains professionnelles. Petrushka a donc fait encore un voyage, vers la Bretagne cette fois, pour rejoindre un chantier naval à Cancale puis à Saint Malo. Là des charpentiers lui ont refait un beau lifting et même plus. On a revu son aménagement intérieur, on lui a rehaussé légèrement son roof, on a renforcé sa coque avec un plaquage acajou stratifié, un lui a donné un nouveau moteur et des équipements pour grande croisière, ... Un voilier a amélioré sa garde-robe d'origine avec un genois sur enrouleur. Et Petrushka a retrouvé l'élément liquide en juin 2002.

Le départ


C'est en 2005 que le voyage commence.
Christian part d'abord, en juillet, de Nieuwpoort, en Belgique, le port d'attache de Petrushka. Il fait les premières étapes avec différents équipiers, jusqu'au Portugal.
Marinette rejoint le bord à Lisbonne en septembre pour deux semaines, et fait la traversée jusque Madère. C'est de Madère que Petrushka s'élancera un peu plus tard pour la Transat, fin octobre 2005, avec l'ami Philippe.
Ils mettront 26 jours pour arriver à Sainte Anne en Martinique, avec des Alizés pas très établis. Pour Noël, Marinette regagne le bord, cette fois pour une année entière de congé sabbatique en tête à tête.