dimanche 25 novembre 2007

Avril 2007: Descente vers Valdivia - semaine 5

Descente des Iles Galapagos vers Valdivia au Chili
Jeudi 5 Avril (29 ème jour)
Position : 37° 06.687 S – 90°10.262 W GPS : 12.000 Cap : 110° >85° Sog : 5 nœuds Reste : 812 miles
Miles parcourus: 151 miles = 6.29 noeuds moyenne - Moteur: ----- reste 100 litres de gazoil !
Wind : NW 5>6 > 25 nœuds faiblissant la nuit.
Mer : Houle moyenne, courte, peu de vagues
Ciel : laiteux en altitude cirrus, vent frais limite froid Influence Anticyclone Sud

La nuit a été bonne et réparatrice, on glissait en douceur entre 6 >7 nœuds, parfois la grosse claque d’une déferlante me réveillait, un œil sur le pilote. SailMail toujours bloqué c’est mon seul souci cette nuit.
Réveil à 6h00, le ciel est gris et la mer aussi, partout des plaques d’écumes et toutes les vagues sont revêtues de crêtes blanches, tableau Grand Sud....Je renvoie la totalité du génois, Vacation radio 7h30, Claude me fournit de précieuses infos sur position Anticyclone ce qui me permet de reprendre un cap plus direct sur Valdivia. Il pense y arriver dans environ 3 jours pour nous ce sera 8 jours au mieux. Toute la journée relais à la barre, toujours pour faire du cap et par la même occasion économiser les batteries, faut garder un max de gazoil.
Cela va vraiment vite lorsqu’on a de la toile, des pointes à plus de 8 nœuds au surf dans la descente des déferlantes, mais faut rester super concentré pour bien relancer en bas, car elles arrivent par l’arrière bâbord et elles sont majestueuses. Je prépare une potée pommes de terres, oignons, ail et jambon en boîte, de bonnes calories. Vers 12h00 le vent tombe avec l’arrivée d’une pluie fine et froide, tout est bouché sur 360°. Carlos en profite pour se plaindre du froid et de sa fatigue et après avoir bien mangé et fumé sa clope, il disparaît dans son souk sous les couvertures....
14h00, le vent revient, plein SUD..... lorsque je renvoie le génois la drosse de l’enrouleur casse, le reste s’emmêle sur le tambour de l’enrouleur, un vrai spaghetti, tout est bien bloqué : Je réveille Carlos pour qu’il surveille le pilote pendant que je procède à la réparation. Comme le génois est entièrement sorti, avec un vent entre 4>6 Be, j’abats un max sous pilote et vent arrière on file plein tube. Je me mets au travail à la proue, on enfourne les vagues, je suis complètement recouvert , trempé jusqu’aux os à chaque fois, retirer tout le cordage sur le tambour ensuite le ré-enrouler et mesurer ce qui reste de la drosse pour revenir au cockpit, trop court.... je déplace les poulies de renvoi sur les chandeliers, je fais un nœud plat après la dernière poulie, surfile les deux bouts pour que la réparation soit solide, la traction est très forte sur ce bout, je peux continuer à manœuvrer l’enrouleur depuis le cockpit, mais simplement faire gaffe quand le nœud arrive sur le winch de ne pas surpatter le cordage. Pendant ce temps, le Basque regarde avec ses suppos dans les oreilles, quand j’ai à peine fini, plus d'une heure plus tard, je suis trempé et j’ai froid, je suis crevé .... « il me demande pour aller se recoucher ... je le regarde dans les yeux très méchamment, un cinglant : « NON , moi d’abord je vais me changer, me réchauffer et me reposer >16h toi tu surveilles le pilote, le ciel et la mer et fais GAFFE, .... » . Je descends et ferme en partie le capot, pour avoir un peu de chaleur et surtout ne plus le voir car il m’exaspère.
A 17h00, je le remplace, il est congelé et fait la gueule.... IL file dans sa couchette, sans un mot.
Je contrôle la réparation de la drosse, réduis un peu le génois et après un thé chaud je vais me coucher > 22h00 sans me réveiller, je dois être bien fatigué pour avoir dormi si profondément , mais tout est ok à bord. SailMail marche super et je me défoule jusqu’à 23h00, lecture messages Chouchou, Claude et mes grip météo super importants, le moral est au zénith... Toujours vent Sud, seulement 5 Be donc confortable, je peux serrer un peu plus le cap vers Valdivia 106°.

Vendredi 6 Avril (30 ème jour)
Position : 37°15.373 S – 88°16.699 W GPS : 12.101 Cap : 95° Sog: 4>5 noeuds Reste: 723 Miles
Miles parcourus: 101 = 4.20 noeuds moyenne - Moteur: 1.5h (charge batteries)
Wind: ESE 4>5Be Nuit 2>3 Be E-SE
Mer: Calme longue houle – l’horizon disparaît ensuite on monte et on descend de plusieurs mètres
Ciel : Clair peu de nuages de pluie mais froid

Dès mon réveil 5h30, je consulte les différents grips météo de la nuit, les 2 premiers, une météo de 8 en 8h sur deux jours = infos fiables, ensuite le 3eme grip, une prévision pour les 3 jours à venir jusqu’a la côte chilienne, fiabilité 50%. Cependant il y a toujours un décalage dans le temps de 6 à 10h. Etre très prudent.
Faudra exploiter au maximum les sautes de vent pour faire un bon cap sur Valdivia au 106°, car actuellement avec la houle, le courant et vent faible on fait au mieux 70°, c’est à dire très au nord de notre but. Belle journée, froide avec soleil, j’en profite pour faire sécher tous mes vêtements de la veille.
Carlos est très stressé, plus de chaussettes sèches pour ses petits pieds, je les mets 10 minutes au four pour qu’il puisse à nouveau se sentir « un homme ».... il a dormi plus de 15h d’affilée.....m’explique sa mauvaise humeur d’hier fin de journée « il craignait que l’on fasse des quarts la nuit, car il se sent trop faible, il a maigri et perdu des kilos... « j’ en crois pas mes oreilles !!!!
Journée très calme, malgré ma bonne nuit je suis encore fatigué, le soir le Mail de Chouchou m’informe que le projet Madagascar c’est fichu, suis déçu, je mets Petrushka à la cape, Solent à contre + Suédoise et artimon, on va ainsi dériver tout le restant de la nuit dans un calme sublime sur un cap de 95°, donc pas trop grave pour atteindre notre but, seul le temps de parcours s’allonge, cela ne me tracasse pas, je n’ai pas la lassitude d’être en mer, c’est les conditions météo qui sont pénibles, en plus des coups de vent s’ajoutent maintenant le froid et une pluie fine, naviguer au soleil, c’est quand même plus agréable.


Samedi 7 Avril (31 ème Jour)
Position : 37°19.775.S- 87°24.952 W GPS : 12169 Cap : 180° >130° Sog : 3>4 nœuds Reste : 682 Miles
Miles parcourus: 68 miles = 2.8 noeuds moyenne (le record de lenteur) - Moteur : 2h00
Wind : SE de 2>4 Be tres instable de 9>15 nœuds
Mer : Calme longue houle pas de vagues
Ciel : Clair mais nuageux à haute altitude, froid et sec

Mais quelle bonne nuit, rien que du calme, on flottait superbement, manque mon Amour pour être sur un nuage. Me suis levé 3 fois pour changer lampes flash et petit contrôle au cas où le vent se cacherait derrière une petite vague. Très tôt je renvoie toute la toile, j’aime pas ces situations de « Non Action » Wind SE faible mais on avance lentement et d’ici 48h on devrait toucher du vent mais faudra descendre très Sud, sous le 40° latitude et cela m’inquiète un peu, trop lu de livres sur ces zones peu accueillantes ! Brrr. Durant toute cette journée froide le vent ne cesse de tourner, du SE>E>NE où enfin il s établira ferme à 5>6 Be. Comme chaque soir pour m’empêcher de dormir, comme d’habitude.....
Non, la nuit s’est bien passée, normale, j ai dormi de deux en deux heures, le PIED.
Journée semblable à la précédente, vents faibles et instables, on est dans une zone météo en plein changement sous l’influence de l’anticyclone qui n’est pas très puissant et manque de stabilité, toujours descendre vers le Sud à la recherche d’une météo plus conforme aux statistiques, cad vents SW....
Mon passager lui mange, fume et dort tout au long de cette journée, lorsqu’il sort dehors, c’est le bonhomme Michelin tant il a des couches de vêtements, nos contacts sont réduits au minimum , il m’arrive de l’oublier tout simplement car je débrouille seul, me nourrir, manœuvrer et dormir...heureusement !
Début de nuit, le vent est faible et tourne au Nord avec une pluie glaciale, cela sent l’hiver.
Comme souvent, c’est la nuit que le vent revient. Rapidement plus de 6 Be et je prends plusieurs tours de rouleaux dès 21h30 , pluie, éprouvant à l’extérieur, Petrushka sous pilote, je surveille la progression, soit à la table à carte où je rédige en même temps mon récit, soit depuis ma couchette lorsque je tombe de fatigue c’est dur de combattre le sommeil, on lutte au maximum... Minuit le vent monte et la mer se creuse rapidement. Conditions pas faciles et je reste à la surveillance du pilote qui souffre dans cette mer croisée.
Vers 03h00, je réduis au maximum le génois, je dois absolument dormir mais il faut surveiller le pilote et je réveille Carlos pour me remplacer. Il lui faut un temps infini pour être prêt, ensuite lui donner les consignes de surveillance avant de me coucher, peu rassuré, je ne dors que d’un œil , prêt à intervenir.
05H00, remplace Carlos-glaçon, le vent est complètement tombé, je ne pense pas qu’il s’en est aperçu !
Les voiles pendouillent lamentablement, blotti dans le cockpit il est sans réaction et c’est le bruit des écoutes et poulies qui m’ont donné l’alarme, merci Carlos, quelle valise ce mec....
Claude est a 110 miles de Valdivia dans des conditions difficiles de vent et de mer, arrivant sur le 39° lat cad quasi face à Valdivia, il se heurte à un vent Est très fort auquel s’ajoute le fort courant côtier du Sud ce qui lève une mer cassante sur le plateau continental. En plus la zone est fréquentée de chalutiers, ça doit pas être la joie à bord d’Azzar.


Dimanche 8 Avril (32 ème Jour)
Position : 38°20.358 S – 86°15.235 W Gps : 12255 Cap : 100° Sog : 3.5>4.5 nœuds
Reste : 613 Miles
Miles parcours: 86 miles = 3.58 miles moyene Moteur : 3h00 Reserve carburant :+- 90 L
Wind: W de 5>6 Be avec fortes rafales – A partir de 20h00 SW Gale 7>8 Be
Mer: Forte très creusée – vagues croisées, difficile !
Ciel : Totalement bouché, arrivée d'une dépression Sud.

On ne peut pas dire que la nuit ait été facile.
A 5h00, le vent tombe brusquement pendant peu de temps, tout autour de nous sur l’horizon pas de visibilité, le ciel et la mer se confondent, quelque chose se prépare....
07h00, brusquement, wind Nord 20>25 nœuds instable, la mer se creuse, baromètre en chute libre.. Je rétablis des quarts de surveillance, c’est l’anniversaire de Carlos..... il va s’en souvenir de ses 34 ans !
08h30, wind NW ensuite W avec fortes rafales > 32 nœuds, la houle est forte, vagues courtes, pluie froide. Uniquement sous génois et artimon sur un cap 90° - mer très dure, cahotique.
12h30, wind WNW, impossible tenir le cap 110° sans risquer de casser, je file au 140° pour soulager, le bateau sera plus stable et on pourra brancher le pilote sur un temps de réponse économique, en plus les hautes déferlantes sur l’arrière sont plus facile à gérer, car sans rétroviseur, il faut sans cesse tourner la tête pour les voir venir. Le dos et la nuque en souffrent.
14h30, wind SW de 5>6 Be , je renvoie la suédoise et 100% de génois, le ciel est noir dans notre SW , faut filer en E-SE pour essayer d’éviter cette dépression prévue sur les cartes météo reçues cette nuit.
17h30, on est cueillis par la dépression, wind S>SW 6>7 Be, je réduis génois et déporte l’artimon, je reste a la barre. La mer, c'est géant, la pauvre elle est folle avec ce vent qui lui a tourné la tête toute la journée et maintenant il a décidé de la décoiffer. J’ai plus envie de rire.... Je pressens l’enfer....
20h00, S-SW : gale 8 avec rafales violentes >39 nœuds, quant à la mer, No Comment, mais c’est un peu fou ... du jamais connu ! Largement au dessus de l’artimon qui fait 7,50m de haut et les rouleaux des déferlantes, super pour les champions surfeurs, plus le vacarme un mixing de vent et mer, les 40 èmes ....
Je ne sais pas comment l’homme peut s'adapter à de telles conditions, c’est imperceptible, insidieux, on accepte, on endure et comme sur terre, il n’y pas si longtemps certains ont supporté la cruauté humaine qui est bien pire que la mer.......
23h00, très courte accalmie, je renvoie un peu de toile et je me couche tout habillé en restant sur mes gardes. Carlos dort toujours dans ses plumes.... je pense qu’il ne dort pas mais a tellement peur de sortir....
03h00, je bondis dehors, on gîte très fort, le vent est revenu brusquement, des rafales à 41 nœuds, les deux anémomètres restent en permanence au dessus de 35 nœuds, on file entre 7 et 8 noeuds sur le fond, sur l’eau dans les descentes des déferlants, des pointes à 11 nœuds, quel bordel cette météo, mais je commence à m’y faire.. No Stress.. à la barre, je sens bien Petrushka, je ne ressens aucune fatigue tant la tension est au maximum, concentré sur l’arrivée des vagues et les glissades folles du bateau, du grand sport !
Le génois est réduit au maximum et artimon ferlé, cela souffle... très, très fort, on est en fuite heureusement sur un cap acceptable vers Valdivia, la mer est dure, on creuse ferme.....
Cela dure jusqu'à 05h30, ensuite retour lent au calme jusqu’à 07h00, je laisse le minimum de voiles car je me méfie .... et j’ai surtout besoin de repos, de retrouver une vie humaine, car depuis plusieurs jours, je réagis comme une bête, un chien de garde à la moindre alerte, je mange ce qui me tombe sous la main souvent froid, chocolat avec confiture, reste de purée de choux avec une saucisse, ensuite un bol de soupe tiède car trop long de surveiller sur le réchaud, pas le temps, RIEN QUE FAIRE ALLER le bateau. Lui rien que Lui, sa vitesse, son cap, les voiles, le ménager, mon courageux bateau mais Vraiment Faut Aimer la Mer....... ? Suis certainement pas Normal...


Lundi 9 Avril (33 ème Jour - Lundi de Pâques)
Position : 38°45.695 S – 84°10.698 W GPS : 12365 Cap : 100° Sog : 5>6 nœuds Reste : 513 Miles
Miles parcourus : 110 miles = 4.58 miles moyenne Moteur : 2h00
Wind : SSW de 6>8 Be permanent 24>36 nœuds suite du Gale 8/9 de la nuit.
Mer : Forte houle avec déferlantes cassantes
Ciel : Bleu et vent froid

J’ai à peine dormi une heure et dès 08h00, c’est reparti mon quiqui... retour des rafales à plus de 35 nœuds, le gale n’est pas terminé. Avec le jour, je fais un état des lieux, Petrushka est OK, mais le paysage est lunaire, mer grise recouverte d’embruns, d’écume, déferlantes avec gros rouleaux blancs, ciel noir brrr...le vent est au Nord c’est pas croyable, à chaque rotation du vent correspond une montée en puissance qu’il faut gérer avec les voiles et le cap, je suis bien rôdé et cela prend peu de temps, je ne m’inquiète même plus lorsque le vent déboule sans prévenir à plus de 30 nœuds, toujours dans mon ciré depuis 24hrs, je règle Petrushka sur la situation nouvelle et le meilleur cap possible en fonction du vent mais surtout de la mer car c’est surtout elle la plus dangereuse, une grosse déferlante prise de côté en mauvaise position ou dans le creux de la vague et l’on serait couchés sur l’eau, il faut garder un maximum de vitesse pour filer à 30° des vagues, surfer avec les déferlantes quand c’est possible. En bas, on est par moment coupé du vent par la hauteur des vagues et seule la vitesse acquise dans le surf permet de remonter avec la déferlante suivante, Adieu le confort intérieur, cela doit être terrible pour mon passager....
09h30, cela se calme, je réveille Carlos et le met à la barre jusqu à 11h00, je dois me reposer un peu, mais aussi il faut recharger les batteries via panneaux solaires et éolienne car le pilot m’a bien aidé cette nuit. Il faut surveiller les plus grosses déferlantes et modifier un peu le cap pour se laisser porter avec elles, mais par moment c’est pas possible, alors c’est la grosse douche qui recouvre tout le bateau, on se recroqueville dans son ciré, on s’accroche fermement à la barre plus les deux life-line de sécurité, une fois passé la douche, on reprends le cap et on relance le bateau, encore et toujours garder de la vitesse.
Lu dernier mail de Claude, bien arrivé ce dimanche, me conseille de faire du Sud vers la 41° lat pour aborder les derniers milles avec un meilleur angle et ne pas être confronté aux conditions qu ils ont connues. La tendance dans les 200 miles des côtes chiliennes, c’est des vents E>SE et en venant par le Sud je serai au portant ou au travers ce qui est plus facile lorsque la mer est formée.
Le ciel s éclaircit et le vent tourne au Sud 5>6 Be, à nouveau du près serré, les rafales ont cessé.
15h00, wind SW>SSW environ 25 noeuds, la mer se calme lentement, j’en profite pour bien me nourrir et prendre un maximum du repos. Petrushka sous pilote, Carlos dort...
18h00, repas de boeuf bourguignon et purée et vite au dodo, Petrushka bien réglé file sur un bon cap.
Nuit relativement calme, je me lève toute les heures pour recaler le cap et régler un peu les voiles.
Je me rendors très vite, suis tranquille et en confiance. Mais je suis fatigué.
04h00, wind W et retour des rafales à plus de 32 nœuds, réduction du génois, ça roule beaucoup tout valdingue à l intérieur, inconfort total, quasi impossible de dormir, couché sur ma bannette, j’essaie de récupérer un peu de forces.
La pluie revient en force, de grosses averses continues. Météo abominable, je reste dans la descente. De toute façon impossible pour moi de dormir dans de telles conditions, je crains toujours pour le bateau car l’océan est gigantesque. Il fait très froid dehors, j’attends avec impatience le jour, pour me rassurer.

Mardi 10 Avril (34 ème Jour)
Position : 39°31.505 S – 81°51.82 W GPS : 14888 Cap :114° Sog : 6.5>7 nœuds Reste : 397 miles
Miles parcourus: 123 miles = 5,12 miles moyenne Moteur: 2h00
Wind: WSW 6>7 Be rafales violentes
Mer: Houle forte avec déferlantes arrières
Ciel : Soleil le matin ensuite très chargé de grains

Au lever du jour, j’affale la suédoise qui nous donne trop de gîte sous les rafales violentes, le vent reste soutenu SW-WSW toujours 6>8 Be, je suis plus à l aise sous génois seul vent 3/4 arrière, d’autant que certaines rafales montent à plus de 43 nœuds. Ce n’ est plus du gale mais les conditions normales des 40èmes, une mer et houle énormes mais le ciel est bleu ce matin et le soleil brille, très beau spectacle Grand Sud et il est agréable de barrer, du vrai sport, c’est physique. Deux heures à la barre ensuite deux heures de repos, régime imposé pour gagner du cap, faire de la distance et se préserver des déferlantes. En plus c’est le max pour mon pauvre Carlos, qui dès son quart terminé... file se coucher. Toute une journée à ce régime, on sent ses bras et son dos. Pendant mes périodes hors quart, je garde un œil sur Carlos, peu fiable,...je fais la vaisselle dans un seau d’eau de mer, les éviers ne se vident pas à la gîte bâbord , je fais les repas, la nav, e-mail, etc.... très peu de loisir pour me reposer , cela fait 48h que l’on a des conditions très difficiles, le passage de plusieurs dépressions qui tournent autour de l’anticyclone qui aspire toutes les crasses qu’il trouve autour de lui, il fait le ménage, et nous, l’organisme encaisse, je reste en surveillance jusqu'à 23h00, le vent semble mollir légèrement. Sous les paquets de mer, un peu d’eau passe par le pied de mât et par le panneau du carré pourtant serré au maximum, la pression d’eau doit être bien forte sur le rouf.
Je me couche enfin après avoir réduit le génois, mais difficile de trouver le sommeil, on roule, on cogne, c’est très inconfortable et en plus je suis sur le qui vive, à l écoute du moindre changement des bruits, ce qui signifie généralement le retour du vent ou une allure anormale du bateau. Les alarmes sont branchées au maximum car déjà plusieurs fois je n’ai pas entendu immédiatement mais seulement après plusieurs minutes et alors la situation est plus compliquée à gérer.
A 2h30, je crois que cette fois l’accalmie s’est installée, il faut que je dorme, suis assommé de fatigue, je corrige le cap pour les quelques heures de nuit restantes, laisse une bonne marge de sécurité par rapport aux vagues et je vais me coucher. Je me réveille une première fois vers 04h00, télécommande du pilot dans une main et lunettes sur les yeux, j ai dormi comme une masse, sans rien entendre.
Ok tout semble bien se passer, la mer se calme un peu, ça cogne encore dur, on enfourne profondément mais je retourne me coucher jusqu’à 06h30, quel bonheur, deux fois deux heures entières. Cela me permet de recharger un peu mes batteries personnelles, je sais que le finish ne sera pas facile, car les prévisions météo sont un peu folles.....


Mercredi 11 Avril (35 ème Jour)
Position : 40°.01.219 S 79°27.888 W GPS :12608 Cap : 100°>163°>53° ! Sog: 5 noeuds Reste: 287miles
Miles parcourus: 120 miles = 5 noeuds de moyenne Moteur: 2h00
Wind : WSW >SW 4>5 Be
Mer : Houle moyenne et longue pas de déferlantes
Ciel : Bleu avec formations abondantes de nuages T° Mer : 15.3° T° ext : 17°

06h30, un peu reposé, journée cruciale aujourd’hui, à la lecture des grip météo reçus cette nuit, l’option Sud n’est peut-être plus la bonne, les prévisions à 3jours donnent une tendance de vents NW-WNW, ce qui serait pour nous au Sud de notre point d’arrivée, une catastrophe, je me trouverais dans la situation de devoir remonter face au vent le long de la côte chilienne. .. un comble, j’attends les prochains grips météo pour confirmation.....
Le ciel est super beau, mer est calme avec une longue et profonde houle, wind idéal pour faire du chemin, je remets de la toile, génois 100%, suédoise et artimon sur un cap direct sur Valdivia, ainsi je me donne encore du répit pour la future option Nord ou Sud tout en me rapprochant du but, reste 300 miles.
12h00, le vent molli très fort 2>3 Be en tournant au WNW, on est passé sous les 40 èmes Lat Sud.....
14h00, vent revient au SW environ 4 Be, régime de vent instable, confirmation qu’il y du changement dans l’air. On profite pour se reposer un maximum, je fais de courtes siestes avant d’éprouver toujours le besoin de faire quelque chose, régler un peu le génois, relire les instructions d’arrivée... Enfin j’ai trouvé, je vais faire des crêpes, mais elles collent dans la poelle, j’ai fait du lait avec de l’eau et de la crème culinaire, c’est pas recommandé mais elles sont très bonnes. Devinez qui se réveille et se lève à la bonne odeur, mon passager.
Notre cap tourne avec le vent une fois du 120° ensuite 160° et le comble cap au 90° et 60°, je ne sais plus quoi faire, sinon faire avancer le bateau. On est collé sur l’eau sans vent, c’est pas bon signe. Je vais dormir pour ne pas penser, Carlos, lui ne pense qu à dormir, on est bien différents tous les deux....
22H00 : Wind SW revient 5>6 Be, instable varie au Sud ensuite passe à l’Ouest, sans cesse régler voiles et le cap. Il va se passer quelque chose, rien qu’à voir l’ aspect de la mer, le baro dégringole, ok ça arrive.
Vers 04h00, forte montée du vent 7 Be et rafales, je réveille Carlos pour qu’il surveille le pilot dans le cockpit, je consulte les grips, rien n’est encore certain pour choisir une option car sur notre route, plusieurs fronts froids et dépressions , sur la carte, dans un carré de 2° latitude et longitude, on a tous les régimes de vents, toute la Rose des Vents..... une Rose c’est Beau mais que faire ?
Je me couche une heure pour réfléchir... eh oui cerveau à plat travaille un peu mieux... et m’endors jusqu’à 07h00, me lève d’un bond, ouvre le panneau, il est encore là, un bloc de glace, pétrifié de froid, il n’a pas osé me réveiller, je m’excuse et lui fais un thé chaud, le pauvre il est vraiment à bout physiquement et moralement, après un bol de céréales, il va se coucher, cela doit être terrible pour lui, mais on arrive....

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