Nous voici déjà en février. Depuis ma première bafouille, il y a eu, du 12 au 30 janvier, quelques jours de retour au pays pour régler les dernières formalités, et vider la maison, qui est louée à partir du 1er février. Ouf, quel soulagement, je ne voulais pas qu’elle reste inoccupée, et puis comme ça, elle s’autofinance. Mais le déménagement n’a pas été une mince affaire ! On en accumule des choses en 15 ans, surtout quand on vit avec un bricoleur qui garde le moindre bout de bois ou tuyau et la plus petite vis. On en a profité aussi pour passer un peu de temps avec la famille et quelques amis. Et puis surtout il a fallu que je case mes chers petits compagnons à poils dans leurs nouvelles familles d’accueil. Me séparer d’eux a été pour moi le plus difficile. Ca fait partie des choses à laisser derrière soi. Mais ils seront bien ; Zoé, mon chien, est à la campagne, dans une famille de marcheurs qui lui feront faire de grandes ballades dans les champs. C’est tout ce qu’elle aime ! Deux de mes trois chats sont chez mes parents, qui en ont déjà trois, plus tous ceux du quartier qu’ils nourrissent. Pour mes deux minous, il faudra quelques semaines d’adaptation et d’intégration. La dernière chatte a un caractère particulier, elle est très farouche, adore Zoé mais pas du tout les autres chats. Elle n’est pas déplaçable, ne s’adaptera nulle part ailleurs. Je la laisse donc à la maison, les locataires acceptent de la nourrir. Bonne chance à tous !
Le 30 janvier nous sommes de retour à La Martinique. Petrushka nous a attendu bien gentiment dans la marina du Marin. Il nous faut une semaine pour divers travaux : installer deux petites lampes de lecture, fixer un bout dehors pour pouvoir envoyer correctement le Gennaker (grande voile d’avant qu’on utilise quand on a de 15 à 20 nœuds de vent), confectionner une petite table en bois pour le cockpit, je la vernis et la revernis. Je m’installe pour ça dans un coin d’ombre au bout du ponton, ça me fait plein de copains, tous ceux qui passent et me voient là y vont de leur petit commentaire. Certains me proposent du boulot sur leur bateau. S’ils sont sérieux, l’idée est à creuser pour plus tard… Il faut aussi monter au mât pour modifier l’implantation de la poulie de la drisse du gennaker, réparer un embout de tangon qui a cassé pendant la Transat (désolée pour les termes techniques, les connaisseurs comprendront). Il faut encore refaire des planches pour le fond du zodiac, les précédentes sont pourries et un zodiac sans fond solide est un zodiac qui n’avance pas. Christian trouve des planches, les prépare à la bonne mesure et je suis repartie sur mon coin de pelouse pour leur mettre plusieurs couches de résine de protection, un multicomposant qui colle au bout de quelques minutes. Une crasse ! Je retrouve tous mes copains, les gars qui travaillent sur les pontons, ceux des ateliers de réparation ou des sociétés de charter (Le Marin est la plus grosse base des Antilles de location de voiliers, surtout des catamarans), les flics, les plaisanciers, et les quelques chiens qui apprécient aussi beaucoup ce bout de pelouse… Il faut que je leur explique qu’il est interdit de venir mettre leurs poils dans mes produits. Et puis s’ils peuvent aller pisser ailleurs… L’ambiance est sympa, bon enfant.
Il y a aussi la manette de vitesse du zodiac à remplacer, un fil de pêche adapté à trouver et à installer. On a déniché un vendeur sympa et compétent qui nous donne plein de bons trucs et conseils. On espère bien pêcher bientôt un petit thon, une daurade corifère, un barracuda ou un délicieux vivaneau. Et puis il faut faire l’inventaire de ce qu’il y a à bord et refaire l’avitaillement. On n’aura peut-être plus de sitôt les facilités d’approvisionnement qu’on trouve ici.
On prend aussi le temps de discuter avec nos voisins de ponton, de prendre l’apéro chez l’un, puis chez l’autre. Nos voisins directs sont père et fils, de Nancy. Remy, le fils, la bonne trentaine, travaille depuis des années aux Antilles. Il y a acheté son bateau, qui est maintenant à vendre car ils ont décidé de rentrer en France. Même s’il se dit marin d’eau douce, Remy a pas mal navigué dans les îles des environs et nous donne quelques informations intéressantes sur le « à voir/ à faire » à la Dominique, à Sainte Lucie et aux Grenadines. Depuis 6 mois il est en vacances et, avec son père Michel, ils voulaient aller jusqu’en Polynésie. Malheureusement, au large du Venezuela, plus très loin de Panama, un bête accident a failli coûter un pouce à Michel (quelle idée aussi de mettre son doigt dans le moteur !). Pris en charge par un bateau rapide, il a été opéré au Venezuela puis rapatrié quelques temps en France. Il a gardé son doigt, pas très joli mais mobile, mais le projet de Tahiti a été abandonné. Michel a l’humour plein de dérision, mais on sent un peu de spleen dans ses paroles, surtout le jour où le yacht brooker vient apposer un panneau « à vendre » sur le bateau. Fin d’une belle tranche de vie sans doute.
Je vous parle encore de notre rencontre avec Félix Charlebois! Il y a quelques jours, nous nous promenions au Marin et nous sommes rentrés dans l’église. C’est une construction d’architecture jésuite du XVIIè siècle, à la voûte en forme de carène renversée de navire, bois de Guyane. Il y a plein de fenêtres latérales grandes ouvertes sur le jardin et sur la mer. Très jolie et très paisible. Là, un martiniquais nous fait signe de nous approcher. Il propose aussi à un autre couple de leur faire profiter d’une petite visite improvisée. Et Félix commence à raconter… il a un accent créole à couper au couteau et une rapidité de paroles étonnante. C’est un grand sec qui se tient très droit, fait beaucoup de gestes, malgré la petite mallette qu’il garde serrée sous son bras, difficile de lui donner un âge, mais il a atteint une certaine sagesse, il a une grande culture, de cette église, de son village, de son pays, ses propos sont empreints d’humour et de saveur. Bref on l’écouterait des heures. Il est intarissable et délicieux. Il nous explique la construction, les incendies, les reconstructions, le magnifique autel en marbre blanc qui était destiné à l’origine à la Cathédrale de Lima (Pérou) mais qu’un caprice de la mer fit échouer ici, il nous explique que les magnifiques cocotiers du petit cloître sont condamnés car ils menacent, en cas de cyclone, de s’abattre sur le toit, il nous raconte aussi pourquoi ici les messes font salle comble (chants, rythmes, couleurs et sermons proches de la vie des gens).
Nous quittons Félix à regret, et nous discutons un peu avec le couple qui a partagé cette visite, Agnès et Gérard, la petite cinquantaine. Ils nous racontent qu’ils ont traversé l’Atlantique en décembre et qu’ils ont eu de terribles soucis : ils ont perdu leur safran (leur gouvernail) en plein océan, au bout de 11 jours de navigation ! Ils ont ensuite vécu 17 jours de galère avant de rejoindre La Martinique, complètement épuisés, ayant perdu plus de 10 kilos ! Naviguer sans gouvernail, dans une mer qui n’était pas franchement sympa, avec parfois des creux de près de 10 mètres, ça a dû être effectivement l’enfer, sans pouvoir dormir ni manger . C’est fou comme l’impensable – perdre son safran- se produit cependant ! Ils restent malgré tout optimistes et se disent que cette expérience a renforcé leur couple. Ils sont restés solidaires dans l’adversité. Chapeau ! On se reverra sans doute, ils feront à peu près la même route que nous sur la remontée des Antilles.
J’ai oublié de vous dire que le soleil est toujours là et qu’il fait chaud. Comme dit la carte d’identité de La Martinique dans le Guide du Routard : T° de la mer 25°, T° de l’air 30° et T° du punch 55°. Il y a quelques averses cependant. Parfois assez violents comme hier soir. On n’était pas sur le bateau et on avait laissé ouverts les hublots et les capots. Tout était trempé ! Heureusement que ça sèche vite.
Voilà pour cette fois, je vous laisse. On devrait quitter Le Marin le 7 ou le 8 février, pour s’arrêter à Schoelcher puis à Saint Pierre, avant de quitter La Martinique pour La Dominique.
Le 30 janvier nous sommes de retour à La Martinique. Petrushka nous a attendu bien gentiment dans la marina du Marin. Il nous faut une semaine pour divers travaux : installer deux petites lampes de lecture, fixer un bout dehors pour pouvoir envoyer correctement le Gennaker (grande voile d’avant qu’on utilise quand on a de 15 à 20 nœuds de vent), confectionner une petite table en bois pour le cockpit, je la vernis et la revernis. Je m’installe pour ça dans un coin d’ombre au bout du ponton, ça me fait plein de copains, tous ceux qui passent et me voient là y vont de leur petit commentaire. Certains me proposent du boulot sur leur bateau. S’ils sont sérieux, l’idée est à creuser pour plus tard… Il faut aussi monter au mât pour modifier l’implantation de la poulie de la drisse du gennaker, réparer un embout de tangon qui a cassé pendant la Transat (désolée pour les termes techniques, les connaisseurs comprendront). Il faut encore refaire des planches pour le fond du zodiac, les précédentes sont pourries et un zodiac sans fond solide est un zodiac qui n’avance pas. Christian trouve des planches, les prépare à la bonne mesure et je suis repartie sur mon coin de pelouse pour leur mettre plusieurs couches de résine de protection, un multicomposant qui colle au bout de quelques minutes. Une crasse ! Je retrouve tous mes copains, les gars qui travaillent sur les pontons, ceux des ateliers de réparation ou des sociétés de charter (Le Marin est la plus grosse base des Antilles de location de voiliers, surtout des catamarans), les flics, les plaisanciers, et les quelques chiens qui apprécient aussi beaucoup ce bout de pelouse… Il faut que je leur explique qu’il est interdit de venir mettre leurs poils dans mes produits. Et puis s’ils peuvent aller pisser ailleurs… L’ambiance est sympa, bon enfant.
Il y a aussi la manette de vitesse du zodiac à remplacer, un fil de pêche adapté à trouver et à installer. On a déniché un vendeur sympa et compétent qui nous donne plein de bons trucs et conseils. On espère bien pêcher bientôt un petit thon, une daurade corifère, un barracuda ou un délicieux vivaneau. Et puis il faut faire l’inventaire de ce qu’il y a à bord et refaire l’avitaillement. On n’aura peut-être plus de sitôt les facilités d’approvisionnement qu’on trouve ici.
On prend aussi le temps de discuter avec nos voisins de ponton, de prendre l’apéro chez l’un, puis chez l’autre. Nos voisins directs sont père et fils, de Nancy. Remy, le fils, la bonne trentaine, travaille depuis des années aux Antilles. Il y a acheté son bateau, qui est maintenant à vendre car ils ont décidé de rentrer en France. Même s’il se dit marin d’eau douce, Remy a pas mal navigué dans les îles des environs et nous donne quelques informations intéressantes sur le « à voir/ à faire » à la Dominique, à Sainte Lucie et aux Grenadines. Depuis 6 mois il est en vacances et, avec son père Michel, ils voulaient aller jusqu’en Polynésie. Malheureusement, au large du Venezuela, plus très loin de Panama, un bête accident a failli coûter un pouce à Michel (quelle idée aussi de mettre son doigt dans le moteur !). Pris en charge par un bateau rapide, il a été opéré au Venezuela puis rapatrié quelques temps en France. Il a gardé son doigt, pas très joli mais mobile, mais le projet de Tahiti a été abandonné. Michel a l’humour plein de dérision, mais on sent un peu de spleen dans ses paroles, surtout le jour où le yacht brooker vient apposer un panneau « à vendre » sur le bateau. Fin d’une belle tranche de vie sans doute.
Je vous parle encore de notre rencontre avec Félix Charlebois! Il y a quelques jours, nous nous promenions au Marin et nous sommes rentrés dans l’église. C’est une construction d’architecture jésuite du XVIIè siècle, à la voûte en forme de carène renversée de navire, bois de Guyane. Il y a plein de fenêtres latérales grandes ouvertes sur le jardin et sur la mer. Très jolie et très paisible. Là, un martiniquais nous fait signe de nous approcher. Il propose aussi à un autre couple de leur faire profiter d’une petite visite improvisée. Et Félix commence à raconter… il a un accent créole à couper au couteau et une rapidité de paroles étonnante. C’est un grand sec qui se tient très droit, fait beaucoup de gestes, malgré la petite mallette qu’il garde serrée sous son bras, difficile de lui donner un âge, mais il a atteint une certaine sagesse, il a une grande culture, de cette église, de son village, de son pays, ses propos sont empreints d’humour et de saveur. Bref on l’écouterait des heures. Il est intarissable et délicieux. Il nous explique la construction, les incendies, les reconstructions, le magnifique autel en marbre blanc qui était destiné à l’origine à la Cathédrale de Lima (Pérou) mais qu’un caprice de la mer fit échouer ici, il nous explique que les magnifiques cocotiers du petit cloître sont condamnés car ils menacent, en cas de cyclone, de s’abattre sur le toit, il nous raconte aussi pourquoi ici les messes font salle comble (chants, rythmes, couleurs et sermons proches de la vie des gens).
Nous quittons Félix à regret, et nous discutons un peu avec le couple qui a partagé cette visite, Agnès et Gérard, la petite cinquantaine. Ils nous racontent qu’ils ont traversé l’Atlantique en décembre et qu’ils ont eu de terribles soucis : ils ont perdu leur safran (leur gouvernail) en plein océan, au bout de 11 jours de navigation ! Ils ont ensuite vécu 17 jours de galère avant de rejoindre La Martinique, complètement épuisés, ayant perdu plus de 10 kilos ! Naviguer sans gouvernail, dans une mer qui n’était pas franchement sympa, avec parfois des creux de près de 10 mètres, ça a dû être effectivement l’enfer, sans pouvoir dormir ni manger . C’est fou comme l’impensable – perdre son safran- se produit cependant ! Ils restent malgré tout optimistes et se disent que cette expérience a renforcé leur couple. Ils sont restés solidaires dans l’adversité. Chapeau ! On se reverra sans doute, ils feront à peu près la même route que nous sur la remontée des Antilles.
J’ai oublié de vous dire que le soleil est toujours là et qu’il fait chaud. Comme dit la carte d’identité de La Martinique dans le Guide du Routard : T° de la mer 25°, T° de l’air 30° et T° du punch 55°. Il y a quelques averses cependant. Parfois assez violents comme hier soir. On n’était pas sur le bateau et on avait laissé ouverts les hublots et les capots. Tout était trempé ! Heureusement que ça sèche vite.
Voilà pour cette fois, je vous laisse. On devrait quitter Le Marin le 7 ou le 8 février, pour s’arrêter à Schoelcher puis à Saint Pierre, avant de quitter La Martinique pour La Dominique.
Finalement, ce n’est que le 15 février que nous avons quitté la Martinique. Après la marina du Marin, nous avons fait encore une escale de 2 jours à Schoelcher (du nom de ce député alsacien qui a obtenu en 1848 l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises des Antilles), juste à côté de Fort de France, puis une autre escale de 4 jours au Nord de l’île, à Saint Pierre.
Nous avons beaucoup aimé Saint Pierre, l’ancienne capitale économique et culturelle de la Martinique, qu’on appelait « le petit Paris des Antilles ».
Nous avons beaucoup aimé Saint Pierre, l’ancienne capitale économique et culturelle de la Martinique, qu’on appelait « le petit Paris des Antilles ».
Cette ville était riche et prospère au XVIII ème siècle, sa grande et large baie accueillait de nombreux glorieux vaisseaux et navires marchands venus de Nantes, de Bordeaux, de La Rochelle. La ville possédait entre autres le plus grand théâtre des Antilles, une cathédrale, un tramway, une maison de la Bourse, le téléphone et l’électricité. Le 8 mai 1902 Saint Pierre a été dévastée en 63 secondes par l’éruption du volcan la Montagne Pelée. 28.000 habitants sont morts asphyxiés ou carbonisés. Un seul survivant, un certain Cyparis, qui avait été jeté dans un cachot pour bagarres en état d’ébriété. Aujourd’hui Saint Pierre n’a pas réussi à renouer avec son passé prestigieux. Mais les traces de ce passé la rendent particulièrement intéressante et émouvante.
Nous avons assisté à Saint Pierre au défilé du Carnaval, ce qui a contribué sans doute à rendre à nos yeux cette ville particulièrement attrayante. C’est quelque chose le Carnaval à Saint Pierre. Quelle fête ! Une débauche de musique, de danse, de couleurs. Et quelle énergie ! Comment font-ils pour danser des heures sous ce soleil ? Quelle envie de s’amuser, avec peu de moyens et tellement de sourires, de gentillesse, de simplicité et de naturel.
Le 15 février donc, on a quitté la Martinique pour la Dominique. Environ 30 miles nautiques à parcourir, soit une petite journée de navigation (on est content quand on fait une moyenne de 5 nœuds). On se lève tôt et on part avec le lever du soleil, vers 6H30. Le temps est calme en quittant Saint Pierre. Plusieurs personnes rencontrées nous ont avertis que dans les « canaux » entre les îles, il y a souvent beaucoup de vent. On prend donc un ris dans la grand voile (GV), c'est-à-dire qu’on réduit la surface de la voile. On ne sort pas tout à fait le genois (voile d’avant) et au début tout se passe bien. On sort même le solent (une deuxième voile d’avant, plus petite que le genois), bien que les creux s’accentuent et qu’on commence à sentir la houle de l’Atlantique. Peu après avoir doublé la point nord de la Martinique, on voit arriver sur nous un grain (gros nuage chargé de pluie). Nous sommes confiants, nous en avons vu d’autres avec la même physionomie (mais plutôt en mer du Nord), nous devrions le passer sans problème… Erreur ! Le grain est très violent, avec des rafales de plus de 40 nœuds (environ 9 beaufort). Par deux fois Petrushka se couche sur l’eau pendant plus de 10 minutes, sans que nous parvenions à le redresser. Nous avons trop de toile pour la force de ce vent et en plus nous remorquons notre annexe qui s’est retournée et elle fait effet d’ancre flottante. On a la lisse du bateau dans l’eau à bâbord, et les filières, les chandeliers, mais aussi les hublots latéraux, et même le bout de la bôme de GV. Très, très impressionnant ! Avec le vent, la mer s’est accentuée et il y a maintenant des creux de 4 mètres. On est debout verticalement entre les 2 banquettes du cockpit, accrochés comme on peut. Bien sûr on n’a pas eu le temps de mettre les harnais de sécurité. On n’est pas bien du tout dans cette position, une déferlante pourrait coucher encore plus fort le bateau et faire une vilaine casse au gréement. Toute la bordure du genois est déjà déchirée et flotte tristement au vent. Finalement le bateau se redresse enfin mais l’annexe s’est retournée et finit par casser son amarre. On parvient, face au vent, à affaler les voiles au milieu de la mer démontée, à remettre du moteur, puis, avec chance, on parvient à repérer notre annexe (elle est grise, je comprends maintenant pourquoi certaines sont rouges ou jaunes) et ensuite à la récupérer et la remonter à bord. Je ne sais pas comment on a réussi à la décoller de l’eau –elle fait ventouse- et la hisser sur le roof. On est épuisés, enfin moi surtout. On poursuit au moteur jusqu’à la Dominique avec une mer difficile. On s’amarre à un corps mort au sud de Roseau, la petite capitale. Il est environ 13H30. J’ai besoin de toute l’après-midi, et même de la nuit pour récupérer.
Ca nous servira de leçon : ne jamais remorquer le zodiac et toujours peu de toile pour partir, surtout si c’est pour affronter un bout d’Atlantique ! C’est pourtant un principe de base : mieux vaut devoir remettre de la toile que d’en enlever au dernier moment.
Je vous parle un peu de la Dominique ? Ile sauvage, splendide, volcanique, montagneuse, au relief très marqué, couverte d’une jungle impénétrable.
Ca nous servira de leçon : ne jamais remorquer le zodiac et toujours peu de toile pour partir, surtout si c’est pour affronter un bout d’Atlantique ! C’est pourtant un principe de base : mieux vaut devoir remettre de la toile que d’en enlever au dernier moment.
Je vous parle un peu de la Dominique ? Ile sauvage, splendide, volcanique, montagneuse, au relief très marqué, couverte d’une jungle impénétrable.
Quelques villages le long de la côte. 750 km². 71.000 habitants. Pays indépendant (pour son malheur sans doute), membre du Commonwealth. En 1979, l’année qui a suivi son indépendance, un violent cyclone, David, a ravagé l’île. Son économie, déjà pas bien brillante, fut réduite à néant. Depuis, d’autres cyclones, un peu moins violents, se sont aussi invités. Située entre la Martinique et la Guadeloupe, la différence de niveau de vie par rapport à ces voisines françaises est énorme, flagrante. Pas d’allocation de chômage, pas de subvention agricole ou autres de la métropole ou de Bruxelles… On est donc ici un peu plus sollicités. Quand on arrive au ponton, quelqu’un est là pour tenir l’amarre, qu’il faudra remercier. Déposer ses poubelles à terre est payant. Les « boat boys » se pressent autour des bateaux de croisière pour offrir leurs services. Au marché, on essaye d’acheter les tomates à l’un, les fruits à l’autre et les œufs à un autre encore.
Pour les voyageurs épris de nature intacte, pure, sauvage, cette île est magnifique. Ici pas de tourisme de masse. Une forêt humide, des rivières jusqu’à plus soif, des endroits complètement isolés de la civilisation moderne, des lacs volcaniques bouillonnants, des cascades, des sources sulfureuses, des fumerolles, du mystère… On y fait quelques superbes randonnées assez sportives. Pour circuler entre les différents points de départ, on utilise les taxis collectifs, les seuls transports publics existant ici. Il faut avoir le cœur bien accroché car ils roulent tous comme des cow-boys, d’une main, sono à fond, sur ces étroites routes montagneuses.Après le Roseau, on passe quelques jours ancrés à Porsmouth, au nord de l’île. Porsmouth offre une grande baie très large mais très abritée du vent d’est qui souffle assez fort tout au long de notre séjour. De nombreuses épaves attestent de la violence des derniers cyclones!
La première nuit nous apportera un petit stress : on s’est couché vers 21H00, ancrés par 5 mètres de fond, face à la plage. A 22H30, l’alarme d’ancrage déclenche et nous réveille. L’ancre a dérapé puis décroché et nous sommes à présent au beau milieu de la baie, avec 40 mètres de fond. IL faut qu’on se repère dans le noir. Il y a peu de lumières sur la côte et elle ne nous est pas encore familière. On ne voit pas, de là où nous sommes, les feux des autres bateaux ancrés. On avance doucement, on voit la profondeur d’eau diminuer et on jette l’ancre à nouveau, à peu près au même endroit que dans l’après-midi. On attend un peu pour s’assurer qu’on ne bouge plus et on retourne sous la couette (enfin sur la couchette, nul besoin de couette sous ces latitudes…). Vers 3H du matin, rebelote, on décroche à nouveau et on repart vers le large. On refait la manœuvre. Vers 6 H il y aura encore une petite alerte et on jettera cette fois un maximum de chaîne : plus de 50 mètres, soit plus de 8 fois la hauteur d’eau. Le lendemain, je relirai toutes les infos sur les techniques de mouillage (on n’est pas des pros, en mer du Nord, on n’a jamais eu l’occasion de jeter l’ancre !). Il faut savoir que selon la houle, le courant et le vent, on recommande de mettre de 3 à 7 fois la hauteur d’eau. Et ici, il y a beaucoup de clapot et beaucoup de vent, avec de grosses rafales à plus de 30 nœuds. Cette fois-ci, on ne bougera plus !
A Porsmouth on fera le lendemain la connaissance de Mieke et Bob, un couple charmant d’anversois. Ils vivent sur leur bateau depuis 5 ans dont 1,5 an passé aux Antilles. Ils nous donneront une manne de conseils et d’informations sur nos futures destinations, autour de quelques ti-punchs. On leur donnera quelques tuyaux sur nos derniers mouillages au Roseau et à la Martinique où ils vont accueillir un couple d’amis pour descendre avec eux sur les Grenadines. Nous, nous nous apprêtons en ce 24 février, à monter sur les Saintes, quelques îlots qui font partie de l’archipel de la Guadeloupe.
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